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  • Trump, victoire ou défaite de la démocratie?

    L'élection de Trump a secoué, brièvement, le Landerneau politico-médiatique. Comment a-t-on pu en arriver là? se sont demandés les représentants des élites désavouées par ce peuple décidément très imprévisible. Les plus lucides ont admis, pas trop quand même, qu'ils avaient failli et certains ont entamé un début d'autocritique. Mais ça n'a pas duré. Les premiers instants de sidération passée, les vaillants gardiens du prêt-à-penser sont montés au créneau : "Mais non, nous n'avons pas failli! Au contraire, assumons nos choix. Hillary n'a-t-elle pas gagné en nombre de voix? Et puis, de quelles élites parle-t-on? Nous n'en sommes pas, ou si peu. Allons donc, le politiquement correct n'existe pas, voyez comme nous divergeons d'opinion entre nous!"
    Personne, ou presque, n'avait rien vu, rien entendu, ni rien dit, mais cela n'a aucune importance, circulez citoyens! A ce rythme, le nécessaire débat sur l'aveuglement des médias, des experts, des universitaires, des milieux culturels et politiques passera par pertes et profits aussi vite qu'il l'avait été après le vote surprise du Brexit, déjà oublié après six mois.
    Or il y a péril en la demeure et urgence à remettre en cause la façon dont les médias et l'expertocratie répercutent si bien les opinions des classes dominantes et si mal la sensibilité et les frustrations des classes populaires.
    Le petit exemple suivant illustre bien ce biais systématique qui conduit à se concentrer sur les désirs et les revendications des élites au détriment du petit peuple des anonymes. Il y a trois semaines les journaux romands ont brièvement signalé le suicide de deux paysans vaudois, qui s'étaient donné la mort par désespérance, par solitude et parce qu'ils n'arrivaient plus à nouer les deux bouts. Ces drames n'ont pas suscité le moindre intérêt dans les rédactions. Un accident de la route avec deux morts aurait joui d'une plus grande attention, bien que ces deux suicides aient été le symptôme du malaise extrême qui affecte des milliers de paysans au cœur même de nos campagnes.

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  • Le mensonge, sport démocratique !

    A la fin des années 1940, J.H Gleason, professeur d’histoire à Harvard qui s’alarmait des ravages potentiels de la guerre froide, faisait remarquer que les démocraties étaient encore davantage portées sur le mensonge que les dictatures. Pour une raison simple : elles doivent convaincre une opinion publique souvent rétive que les guerres qu’elles veulent mener sont justifiées. Ce que les dictatures, par définition, peuvent s’épargner.
    De la permanence et de l’intensité de ce mensonge « démocratique », on en a eu la preuve avec la fabrication par les services secrets américains des prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003. Voyez aussi les documents du parlement britannique qui viennent de révéler comment Tony Blair avait manipulé les députés en 2003 pour les entrainer dans cette même guerre. On pourrait en dire autant de l’invasion de l’Afghanistan en 2001, suite aux attentats du 11 septembre, maintenant que les documents sur leurs auteurs ont été déclassifiés par le Congrès et font apparaitre que les Saoudiens ont bien plus soutenu Al Qaida que les Afghans. Mais à l’époque, pour des raisons stratégiques, il était bien plus important d’envahir l’Afghanistan pour y installer l’OTAN que de chercher des noises au précieux allié saoudien. Quant à la façon, dont le président Sarkozy (et ses alliés européens) a grossi le danger du régime Kaddhafi pour l’éliminer dans l’espoir de faire main basse sur son pétrole et de faire monter sa cote auprès des électeurs avant la présidentielle de 2012, ici aussi les documents sont explicites.

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  • Le choléra Trump ou la peste Hillary ?

    Je crains que ce titre ne heurte la bienséance, tant il est difficile de critiquer l’icône Hillary. Et pourtant, quel que soit leur résultat, les élections américaines risquent d’être décevantes aussi bien pour les Américains en particulier que pour le reste du monde en général. D’habitude, une élection nationale est un moment d’espoir de changer les choses, si possible vers le mieux. Souvenez-vous du « Yes, we can » de Barack Obama et de la fierté, de l’espérance de progrès que suscitait l’homme qui allait devenir le premier président noir de la première puissance de la planète. Et même s’il a beaucoup déçu, avec ses nombreuses guerres - Lybie, Syrie, Ukraine – , ses renoncements – la paix en Palestine et le dialogue avec la Russie - et ses timides avancées avec Cuba et l’Iran, le président sortant laissera au moins le souvenir d’un homme de bonne foi, et qui a au moins essayé même s’il n’a pas réussi.
    Avec Donald Trump et Hillary Clinton, rien de tel. L’un comme l’autre ne présagent rien de bon, même si les médias mainstream et l’establishment se sont évertués à nous présenter la candidate démocrate comme le choix de l’excellence, de l’expérience et du bon goût face au « dangereux bouffon populiste » Donald Trump. On a beau scruter l’horizon à la jumelle, on ne voit rien venir de bon et l’enthousiasme est en berne
    De Trump, tout a été dit. Depuis des mois, tous les éditorialistes intelligents des médias bien en cour en ont dit pis que pendre sur sa grossièreté, son mépris des femmes et des minorités, son amateurisme, sa méconnaissance des dossiers et des « complexités » du monde, son imprévisibilité, ses incohérences et son narcissisme compulsif. Les médias, rejetant tout esprit d’objectivité, se sont alignés sur l’élite washingtonienne et ont choisi leur camp : tout sauf Trump, est devenu leur leitmotiv. Soit, admettons qu’ils n’ont peut-être pas tort. Il est difficile d’accepter de confier le sort du monde à quelqu’un qui ne respecte ni les codes ni la bienséance.

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