Comment la Suisse peut sauver l’Europe
1992, la Suisse a en effet tué dans l’oeuf cette antichambre qui devait servir d’asile provisoire aux hésitants, Autriche, Suède, Malte, et aux impétrants d’Europe de l’Est récemment libérés de la tutelle communiste. Elle a précipité la Communauté européenne dans une course à l’élargissement qu’elle paie cher aujourd’hui. Et elle a donné un puissant coup d’accélérateur aux partis eurosceptiques et « populistes » qui, depuis lors, s’épanouissent partout en Europe.
Mais la Suisse peut aussi servir d’antidote aux blocages et au déclin qui menacent l’Union européenne et par là à l’ensemble du continent. La construction du système fédéral et de la démocratie semi-directe au XIXe siècle, et leur libre exercice depuis lors, résultent en effet d’une alliance inédite entre les élites les plus éclairées et le peuple. Alliance que les élites européennes, de gauche comme de droite, européistes comme eurosceptiques, se montrent hélas fort peu désireuses de mettre en place aujourd’hui.
Fragilisée, divisée, vulnérable, l’Europe doit pourtant réagir.
Si l’on analyse les six tentatives d’unification européenne qui ont précédé l’actuelle, à savoir celles de Charlemagne, du Saint-Empire romain germanique, de l’Autriche-Hongrie, de Napoléon, Hitler et Staline, on constate qu’elles ont toutes échoué. Soit à cause d’un usage abusif de la violence et de la force, soit à cause de défauts de gouvernance insurmontables. Le Saint-Empire, pourtant remarquable de longévité, a très vite été victime de ses dysfonctionnements institutionnels et d’exits successifs qui l’ont condamné à se recroqueviller sur un territoire équivalant en gros à celui de l’ancienne RFA. L’UE semble bien partie pour suivre cette voie.