Bayrou s'invite au 3e tour
On peut tirer deux leçons du premier tour des élections présidentielles françaises.
La première, c'est que, contrairement à tout ce qu'on a pu lire et entendre en Suisse sur la légèreté française, l'absence de fond de la campagne, la pauvreté intellectuelle des candidats et leur manque de vision économique et internationale, les Français ont très massivement pris conscience des enjeux de ces élections.
La preuve? Un taux de participation historique dans l'histoire de la Ve République. Les Français sont donc loin d'être aussi "repliés sur eux-mêmes", "obnubilés par leur drapeau" et creux que de nombreux commentateurs romands très condescendants ont bien voulu le dire.
Le second fait frappant est le bon score du centre malgré les appels pressants au vote utile. Par dépit et méfiance à l'égard des élites, les Français fatigués du face à face gauche-droite avaient tenté Le Pen en 2002. Ils ont ont aujourd'hui voté utile en choisisant Bayrou. Ce recentrage, ce retour au rationnel, font du candidat du centre l'un des vainqueurs possibles du troisième tour, c'est à dire des élections législatives de juin.
La victoire de Nicolas Sarkozy ne fait en effet pas de doute. Mais si Bayrou et son parti réussissent à s'imposer comme une troisième force charnière en juin, alors la France pourrait s'éviter cinq nouvelles années de combat gauche-droite stérile et entamer un vrai programme de réformes, équilibré et partagé par tous et pas seulement destiné à favoriser une seule moitié du pays.