Vivre avec la peur au Collège Calvin
Affolement, alarme, alerte, angoisse, appréhension, aversion, crainte, effroi, épouvante, frayeur, frousse, inquiétude, panique, phobie, répulsion, trouille, terreur : les mots pour exprimer la peur sont presque aussi nombreux que ceux de l’amour. Des peurs de l’an Mil aux terreurs révolutionnaires jusqu’à la grande peur climatique, de la peur de soi à la peur de l’autre, de la crainte de Dieu à l’angoisse existentielle, de la hantise de l’immonde à la fascination des foules pour les films d’épouvante et des militaires pour la terreur atomique, le catalogue des peurs humaines est infini. Cerner et connaître nos peurs pour mieux vivre avec elles, tel est le but que s’est donné le quatrième festival de philosophie, qui aura lieu à Genève, au Collège Calvin, Aula Franck Martin, du 25 au 28 septembre 2008. http://www.festivalphilosophie.info
Mais si la peur est l’un des sentiments les plus universellement partagés, c’est aussi celui dont on aime le moins parler. Omniprésente, protéiforme, elle habite nos vies comme une deuxième peau même si on la tait. Il suffit pourtant de gratter la surface des choses et des êtres pour la voir affleurer à la surface des consciences. Bien qu’elle semble nous accompagner depuis le début de l’humanité, la peur n’est pas pour autant devenue un sujet d’étude et de science. Elle intéresse bien quelques localités du savoir, comme la psychologie et quelques banlieues de la sociologie et de l’histoire, mais c’est tout. Les savants, les intellectuels, les philosophes ont plutôt négligé cette matière, sans doute trop fluide et insaisissable pour servir de fondement à de grandes théories. Les lumières de la raison n’ont pas encore éclairé les terres obscures de l’âme humaine, zones incertaines et lugubres sur lesquelles prospèrent avec délectation les médias et certains hommes politiques sans scrupules. Pour parler avec talent et sincérité de la peur, il ne faut donc pas chercher du côté des professionnels patentés de la réflexion, mais plutôt dans monde réputé léger du cinéma et des lettres, comme les acteurs Sean Penn et Marthe Keller: La peur. Il faut apprendre à domestiquer la peur. Nous vivons avec elle, de plus en plus, elle nous envahit, elle est partout. Nous sommes une civilisation de la peur. (S. Penn) "On vit dans un monde d’une telle vulgarité! La peur vient de l’exigence. Celle de résister à la banalité.» (M. Keller) "Au risque de caricaturer, osons résumer la peur à deux types essentiel: la peur de mourir et la peur de vivre, l’une n’empêchant pas l’autre d’ailleurs. Certains, comme Epicure, ont cherché à apaiser la crainte de la mort. On connaît son célèbre adage « la mort n’est rien pour nous, puisque lorsque nous sommes, la mort n’est pas là, et lorsque la mort est là, nous ne sommes plus ». D’autres, comme Freud ou Sartre, ont démonté les ressorts de la peur de vivre, névroses phobiques et nausée existentielle. Des peurs de l’an Mil aux terreurs révolutionnaires jusqu’à la grande peur climatique, des apocalypses au catastrophisme éclairé défendu par Jean-Pierre Dupuy, de la peur de soi à la peur de l’autre, de la crainte de Dieu à l’angoisse existentielle, de la hantise de l’immonde à la fascination des foules pour les films d’épouvante et des militaires pour la terreur atomique, le catalogue des peurs humaines est infini. Cerner et connaître nos peurs pour mieux vivre avec elles, tel est le but que s’est donné le quatrième festival de philosophie, qui aura lieu à Genève, au Collège Calvin, Aula Franck Martin, du 25 au 28 septembre 2008. http://www.festivalphilosophie.info www.festivalphilosophie.info A noter un petit changement de programme: le vendredi soir 26 à 19h le professeur Beat Bürgenmeier donnera une conférence sur le thème "Une panique récurrente: réflexions sur la crise financière" et le damedi matin 27 à 11h le philosophe Philippe Rahmy viendra parler de la peur de la douleur.