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  • Insécurité, place à l'action!

    A Genève, le problème de la sécurité est aggravé par au moins trois facteurs particuliers. D’abord, le débat sécuritaire est monopolisé par deux camps qui s’annulent l’un l’autre. D’un côté, les angéliques, pour qui l’insécurité n’existe pas, n’est qu’une invention de la droite pour fragiliser Laurent Moutinot et pour qui l’idée même de réprimer les délinquants est une atteinte aux droits de l’homme. Et en face, les populistes ultra-sécuritaires, pour qui Genève est devenu un coupe-gorge livré aux gangs et aux trafiquants et qui abreuvent la population de solutions « Y’a qu’à » : « Y’a qu’à » les enfermer, les cogner, les expulser, les réduire en bouillie.

    Ensuite, Genève est pénalisée par les dysfonctionnements de la police, suite à l’absence de pilotage politique par les magistrats successifs à la tête du département, aux manifestations de policiers ainsi qu’aux rapports de la Cour des Comptes. Ces derniers ont ainsi donné l’impression, après les dérapages financiers de l’Eurofoot, que les policiers pouvaient passer plus de temps à imaginer des astuces pour se faire payer des heures supplémentaires non travaillées qu’à assurer la sécurité de l’honnête citoyen.

    Enfin, l’insécurité elle-même est un phénomène qui a été longtemps nié, négligé et sous-estimé par les autorités politiques. Les statistiques sont mensongères dans la mesure où la très grande partie des petits délits n’y figure pas : la dame âgée qui se fait arracher son sac, les arnaques sur les quais, les jeunes avinés qui urinent dans les entrées d’immeubles, les touristes chinois et saoudiens dévalisés, les trafics de drogue non repérés, tout cela ne figure pas sur les mains courantes des commissariats. Ils ont fait exploser l’insécurité dans les faits, à défaut d’être gravés dans le crâne de l’ensemble des élus.

    Pour résoudre ces problèmes, il n’y a pas de solution miracle ni de parti sauveur. Il faut donc une réponse politique, responsable, proportionnée et portée si possible par plusieurs forces politiques. Et cette réponse, ce sont les partis de l’Entente qui sont le mieux à même de la donner, et cela sans qu’une de ses composantes cherche à tirer la couverture à elle.

    Il s’agit d’élaborer un programme et une stratégie commune, un peu comme elle l’a fait pour la baisse d’impôt sur laquelle on votera le 27 septembre. Ce programme devrait d’abord inscrire la lutte contre l’insécurité comme l’une des priorités de la prochaine législature. Première conséquence : il faudra dès lors de revendiquer la prise en charge de la justice et de la Police, qui est depuis trop longtemps considéré comme un département de second ordre qu’on repasse comme une patate chaude au malheureux élu qui s’en voit confier la charge.

    Il s’agit ensuite de réformer le système de rémunération de la police et son cahier des charges, en relevant les salaires mais en supprimant toutes les indemnités, privilèges et autres compléments de salaires opaques, afin de restaurer la pleine crédibilité de la police. Et de procéder enfin aux recrutements nécessaires, dont les crédits ont été votés depuis longtemps contrairement à ce qu’affirment les populistes.

    Il s’agit enfin de créer une vraie task force contre les trafiquants de drogue, la petite délinquance et les incivilités en coordonnant la justice, la police, les habitants des quartiers et les communes. On ne lutte pas contre les trafiquants africains et les cambrioleurs géorgiens comme on lutte contre le crime organisé et les escrocs internationaux. Pour être efficace, la lutte contre la petite délinquance doit mobiliser aussi bien les commerçants, les concierges et les régisseurs que la police et les juges, même si ce n’est pas au même niveau.

    Il y a amplement de quoi faire et, à la réflexion, le défi est plutôt exaltant. Alors, au travail !