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Des ONG, oui, mais crédibles !

On le sait depuis Montesquieu, l’essence même d’une société harmonieuse et démocratique repose sur l’équilibre des pouvoirs. Pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire doivent être indépendants les uns des autres tout en restant comptables de leurs actes auprès du peuple souverain qui leur a confié ses destinées.

Pendant des décennies, la vigilance démocratique a longtemps été exercée par la presse, qu’on a pu appeler le quatrième pouvoir. Mais depuis l’éclatement de la sphère médiatique, l’affaissement des grands éditeurs indépendants et la crise des médias traditionnels, le quatrième pouvoir s’est affaibli. Parallèlement, depuis une vingtaine d’années, on a assisté à l’émergence d’un nouveau pouvoir qui tend peu à peu à prendre la place des médias, celui de la société civile. Partout fleurissent des ONG qui interviennent dans le domaine jadis réservé des Etats.

Pourquoi pas ? Après tout, chaque société a besoin de contre-pouvoirs. Mais encore faut-il que ceux-ci soient crédibles, transparents et démocratiques. Or, c’est loin d’être le cas. Nombre d’ONG cèdent à la même tentation que les gouvernements qu’ils critiquent, à savoir qu’ils confondent les moyens avec la fin, la critique devenant un but en soi et non le moyen d’obtenir davantage de démocratie et d’équité.

 

 

 

 

 

Petit exemple l’autre semaine avec ces militants des droits de l’homme tunisiens qui étaient à Genève pour dénoncer les dérives du Conseil national pour les libertés en Tunisie piloté par Mme Sihem Ben Sedrine, dont ils ont longtemps été les collaborateurs. A les entendre, et il n’y avait pas de raison de douter de leur bonne foi, cette ONG instrumentalise les droits de l’homme pour servir des intérêts personnels, à savoir obtenir des fonds des organisations européennes, organisant des battages médiatiques ou criant au scandale chaque fois qu’il s’agit de renouveler les soutiens des organismes financiers bienpensants de Bruxelles et d’ailleurs.

Peut-être est-ce exagéré ? Peut-être s’agit-il d’un conflit interne à cette ONG ? Peut-être. Mais quand on se souvient du cas du journaliste Taoufik Ben Brik qui s’était lancé dans une grève de la faim très médiatisée et qui avait été surpris en train de manger du poulet en douce, on peut en douter.

Quoiqu’il en soit, cet incident, que l’on pourrait multiplier à l’envi - il suffit de voir la surenchère humanitaire à laquelle se livrent les ONG lors de catastrophes comme le tsunami ou le séisme haïtien – prouvent bien que la société civile, si elle veut rester crédible et mériter ses galons de contre-pouvoir, a de sérieux efforts à faire en termes de gouvernance, de transparence de son fonctionnement et de démocratie interne. Comment critiquer l’autoritarisme d’un Etat quand on dirige soi-même son ONG comme un patron de droit divin sous prétexte qu’on en a été le fondateur et le flamboyant porte-drapeau ?

Plus encore que le pouvoir, le contre-pouvoir est une ascèse qui exige une honnêteté sans faille et ne tolère aucun soupçon, aucun reproche.

 

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