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La contrôlite aiguë, nouvelle plaie

S’il y a une maladie qui, depuis quelques années, frappe les entreprises, les services publics, les associations et tout ce qui bouge en Suisse, ce n’est ni le SRAS, ni la vache folle, ni le virus H1N1, mais bien une épidémie ravageuse et ruineuse de contrôlite particulièrement aiguë.

A l’Etat de Genève, il n’y a pas moins de cinq organismes chargés de contrôler les dépenses et la bonne tenue des services publics : le contrôle parlementaire usuel,  l’inspection cantonale des finances, la commission de contrôle de gestion, la Cour des comptes et la Commission d’évaluation des politiques publiques. Et cela sans parler des contrôles internes aux départements et aux entités publiques, ni des réviseurs externes. On connaît tous ces doyens de cycles d’orientation chargés de surveiller la consommation de timbres de l’établissement. Dans les entreprises et les associations, les dégâts ne sont pas moindres : les nouvelles normes comptables et les contrôles ordinaires, restreints ou dits simplifiés des entreprises ne font qu’enrichir les fiduciaires et les sociétés de révision, qui multiplient les heures de contrôle et les remarques de détail pour mieux justifier leurs factures prohibitives.

Récemment, c’est le responsable d’une importante ONG caritative qui me racontait comment un comité d’experts avait fait capoter l’aide d’urgence aux victimes du tremblement de terre d’Haïti. L’organisation, qui voulait fournir quelques centaines d’abris d’urgence aux sinistrés avant les pluies s’est vu imposer après de longs débats entre des experts divisés un test préalable desdits abris, pourtant agréés et validés par les autres pays. Résultat : ce n’est qu’après la recommandation des experts, l’évaluation interne, l’audit externe et le monitoring du matériel que l’accord d’acheter a été délivré, c’est à dire trois mois trop tard.

Cette maladie du contrôle est non seulement improductive, mais elle est aussi terriblement coûteuse et pernicieuse. Chaque organe de contrôle rivalisant avec ses concurrents, chacun doit absolument trouver des dysfonctionnements pour justifier son existence, quitte à monter en épingle tout écart insignifiant en erreur de gestion catastrophique, au besoin en ameutant des médias toujours avides de débusquer la faille à bon compte.

Le pire est que cette manie du contrôle n’empêche en rien les malfaçons et les gaspillages. Le système est ainsi fait que la multiplication des contrôles n’empêche pas de produire des bouées en béton parfaitement conformes puisque chacun juge un aspect du problème - la couleur, la signalétique, l’arrimage, les quantités, la taille, la qualité, les procédures et les coûts de fabrication – sans jamais avoir la vue d’ensemble. Voir les affaires Madoff et Kerviel !

Et le pire aussi, c’est que tout le monde conspire pour aggraver la maladie: la gauche en multipliant les procédures imposées aux entreprises et la droite, méfiante à l’égard de l’Etat et de ses dépenses, en essayant de paralyser ses services et les associations qu’il subventionne par des contrôles aussi incessants qu’absurdes. Bon courage !

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