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Vers un nouveau Mai 68 ?

Les récents événements de Tunisie et du Maghreb sont passionnants à plus d’un titre. Parmi les commentaires suscités par les émeutes des jeunes maghrébins, la remarque du fondateur du World Economic Forum porte à réflexion. Parlant des manifestations de colère des étudiants britanniques suivant la décision du gouvernement d’augmenter les taxes universitaires, Klaus Schwab y voyait le possible signe d’une nouvelle révolte générale des jeunes, comme en mai 68.

Il existe en effet de sérieuses raisons de penser que le malaise croissant des jeunes pourrait déboucher sur une explosion générale. Pour une cause simple: avec le prolongement de lâge de la retraite et donc de l’emploi des seniors, avec le sentiment croissant que les bons postes, les rémunérations confortables et les pensions généreuses sont confisqués par les générations plus anciennes, et avec « l’académisation » croissante des formations exigées pour les jeunes en recherche d’emploi, qui exclut une partie d’entre eux du monde professionnel, la frustration de la jeunesse ne peut qu’augmenter. Je ne pense pas, en revanche, que cette situation puisse exploser en premier lieu dans les pays riches, Japon, Europe et Etats-Unis, pour des motifs à la fois démographiques (absence de baby boom) et sociaux (le soutien familial et l’accès à l’emploi rendent le système acceptable pour le moment).

Rien de tel en revanche dans les pays du sud, qui connaissent une transition démographique massive avec une pyramide des âges qui fait la part belle aux jeunes, souvent bien formés comme en Tunisie. C’est le cas dans le monde arabe, en Asie, en Afrique et dans certains pays d’Amérique latine. Or dans ces pays, les perspectives d’emploi sont faibles, pour ne pas dire nulles. Masse de jeunes, absence de débouchés et accès à des technologies de communication désormais peu coûteuses (sms, réseaux twitter, facebook, skype), les conditions pour que le malaise et la frustration éclatent en révoltes violentes sont réunies. Ne manque plus que l’étincelle - l’immolation par le feu d’un Ian Palach en 1968 ou de Mohamed Bouazizi, jeune vendeur de fruit diplômé à Sidi Bouzid - pour que l’incendie éclate.

Cela dit, pas d’affolement. Il n’est pas sûr que l’histoire se répète. L’épidémie de tentatives d’immolations par le feu à laquelle on assiste de Nouakchott au Caire ne débouchera pas forcément sur des émeutes. Et si un tel cas devait se produire, il n’est pas sûr qu’il n’en résulterait que des dommages. Mais il reste que les prémisses d’un embrasement général sont très claires. Nos pays, obnubilés par leurs problèmes d’âge de la retraite et de caisses de pension à recapitaliser, risquent d’être rattrapés plus vite que prévu par les difficultés de la jeunesse, celle du Sud d’abord, puis, par capillarité, la leur propre.

 

 

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