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La leçon de fraîcheur arabe

Il y a de la révolution de 1848 dans l’air en ce moment dans les rues du monde arabe. Rappelez-vous le printemps des peuples qui avait vu la majeure partie des nations d’Europe se soulever contre leurs vieux monarques en 1848. Suisse mise à part, ces révoltes avaient vite tourné court. Mais elles avaient lancé un mouvement qui devait aboutir à la démocratisation de la vie publique, à la reconnaissance des syndicats et à un partage plus équitable des richesses produites.
Impossible de dire sur quoi va déboucher la revendication de la rue arabe. Mais, outre les acquis sur le terrain – le départ de despotes prévaricateurs, la négociation avec les partis d’opposition et la prise en compte des revendications sociales – ces révolutions de jasmin et de papyrus auront déjà réussi ce qui était impensable il y a deux mois, à savoir le sabordement des préjugés anti-arabes et anti-islamiques qui prévalaient un peu partout en Europe et aux Etats-Unis.

La décennie qui vient de s’achever a été vécue sous le signe du conflit des civilisations. Le syllogisme arabe égale islam égale terrorisme a dominé toute la pensée occidentale durant ces dix dernières années, engendrant des guerres désastreuses (Irak et Afghanistan), perpétuant des conflits insolubles (Palestine et Gaza) et créant des clivages aussi dangereux qu’artificiels au sein même de nos sociétés (voir le vote anti-minarets). De Tunis au Caire, d’Alger à Amman, on a pu voir défiler dans les rues, des jeunes, des cadres, des fonctionnaires, des pauvres et des commerçants des classes moyennes, bref des gens comme vous et moi qui n’avaient rien à voir avec les barbus fanatiques à la Ben Laden et ne revendiquaient pas la charia comme principe de base de la vie en société.
Ce vent frais venu du Sud de la Méditerranée ne sera peut-être qu’une brise éphémère. Mais ce n’est pas sûr. Ici et là fleuriront des régimes nouveaux, plus démocratiques et plus justes. Et elle aura semé des graines appelées à germer dans le futur, au cas où la chape de plomb retomberait. Car elle aura montré aux peuples arabes que la révolte non-violente était possible, aux musulmans pratiquants que l’émancipation politique n’est pas incompatible avec la démocratie et les droits de l’homme et que tout cela, ils pouvaient le conquérir par eux-mêmes, sans ingérence étrangère «humanitaire», politique ou militaire. Et aux Européens tentés par le repli sur soi et l’anti-islamisme primaire que les rives méridionales de leur continent pouvaient aussi offrir le visage souriant de la jeunesse et de la liberté.
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