Genève 2 peut réussir. A condition d'abandonner ses oeillères
Or donc la conférence Genève 2 sur la Syrie s'ouvrira mercredi à Montreux. Pour la Genève internationale et pour la Suisse, c'est évidemment un événement prestigieux, qui vient souligner fort à propos la vocation de notre pays à accueillir les négociations internationales les plus complexes et à être l'ambassadeur de la paix à travers le monde.
Mais soyons franc: il ne se passera strictement rien à Montreux, hormis de grandes et pompeuses déclarations d'intention de la part des excellences qui auront fait le déplacement avant de repartir à Davos. S'il y a une chance pour qu'un progrès survienne, ce sera plus tard, dans les jours, les semaines ou les mois qui vont suivre, quand les différents représentants syriens se réuniront à huis clos, entre les murs épais du Palais des Nations, pour discuter sérieusement, loin des caméras et des micros.
Et pour que ce petit miracle arrive, il y a quelques exigences à remplir, dont la première est que les Occidentaux, Français et Américains en tête, laissent tomber leurs œillères et cessent de poser des conditions irréalistes et inacceptables comme préalables à tout dialogue, telles que la capitulation sans condition de Bachar el-Assad. Les Occidentaux, qui n'ont que les mots droits de l'homme à la bouche quand il s'agit de discréditer leurs adversaires, devraient ainsi se souvenir que le but final de cette conférence n'est pas le départ du dictateur syrien mais bien la fin des hostilités, un cessez-le-feu, même partiel, entre les belligérants. Quand la maison brûle, on éteint l'incendie pour sauver le plus de victimes possible, on ne fait pas un procès au propriétaire.