A quand la fin du journalisme embarqué?
La guerre en Afghanistan, mais surtout l'invasion et la destruction de l'Irak sous des prétexte mensongers et, depuis un an, les manigances des Etats-Unis et de l'Union européenne en Ukraine ont consacré le triomphe du journalisme embarqué: de Washington à Bruxelles, de Paris à Zurich, les médias dominants sont formatés et drillés pour réciter inlassablement le même discours: l'OTAN c'est le bien, la Russie c'est le mal. L'Europe, c'est la paix, la démocratie et la liberté, les autres, c'est la guerre, l'expansionnisme et l'oppression.
Partout, du New York Times à la NZZ, ce sont les mêmes experts stipendiés par des fondations conservatrices proches des lobbies militaires américains qui dispensent le même discours contre la Russie, la Chine, l'Iran et autres prétendues puissances non-démocratiques, alors qu'ils ménagent des amis aussi peu recommandables que la dictature médiévale saoudienne, qui asservit les femmes, condamne à mort les homosexuels et subventionne les mouvements terroristes sunnites que l'Occident bombarde par ailleurs en Syrie!
Sauf que, paradoxe inouï, il est aujourd'hui plus facile de se rendre en Tchétchénie ou en Crimée pour y réaliser un reportage auprès des populations indigènes qu'en Afghanistan pour y donner une autre vision que celle prédigérée par les professionnels de la communication des armées d'occupation!
Cherchez l'erreur.
Troisième paradoxe, comment expliquer le succès des médias russes en Russie même? Comment expliquer que les Russes sont, pour depuis des mois, à 80% derrière leur président? Sont-il assez masochistes pour soutenir un président "dictateur" qui les maltraiteraient? Seraient-ils si arriérés qu'ils ne pourraient pas faire la distinction entre information et propagande alors qu'ils ont librement accès aux médias occidentaux et voyagent par millions à travers le monde? Laisser entendre de telles inepties relève de l'arrogance et de la mauvaise foi la plus crasse.
Je suis un partisan de l'Europe et espère vivement que la Suisse pourra résoudre ses problèmes avec Bruxelles, mais je suis sidéré par la légèreté des technocrates européens et cette façon indigne qu'ils ont de considérer un journalisme qui ne trouve grâce à leurs yeux que lorsqu'il relaie leurs propres préjugés et leurs seules opinions.