Lettre à mes détracteurs et autres russophobes obsessionnels
Jeudi dernier, le Grand Conseil genevois m'a donc autorisé à recevoir l'Ordre de l'Amitié conféré par le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine. Merci encore à toutes celles et tous ceux qui m'ont soutenu. Mais cela n'a pas été sans mal, puisqu'une minorité de donneurs de leçons bienpensants et s'attribuant tous les droits propres au prétendu camp du bien a cru bon devoir se lancer dans des diatribes assez odieuses. Pour que chacun puisse se faire sa propre opinion, voici donc ce qui a justifié l'obtention de cet honneur.
Tout d'abord, voici le communiqué du consulat général de Russie à Genève: "Le Président de la Fédération de Russie par son décret du 4 août 2016 a décoré Monsieur Guy Mettan par l’ordre de l’Amitié, signe de distinction d’Etat de la Fédération de Russie.
En tant que Président de la Chambre de commerce Suisse-Russie & CEI depuis sa création en 2005, il a contribué au développement des relations économiques entre la Russie et la Suisse, aidé à établir les contacts entre des hommes d’affaires des deux pays, facilité la communication entre les deux parties.
Comme journaliste, il a toujours su rester objectif en présentant une image actuelle et vraie de la Russie, en combattant la russophobie et en réfutant les préjugés et les idées reçues. En tant que directeur exécutif du Club suisse de la presse, il a donné la possibilité de s’exprimer au sujet de la Russie aux différentes opinions (y compris des voix critiques comme p.ex. celles de Mme Zhanna Nemtsova ou M. Garry Kasparov). En 2015, il a publié le livre « Russie-Occident, une guerre de mille ans : La russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne ». La décoration de Monsieur Guy Mettan est un signe d’honneur et de reconnaissance."
De mon côté, je tiens à préciser ce qui suit: L’Ordre de l’Amitié est une distinction honorifique, qui n’est liée à aucune prestation financière ou avantage pécuniaire. Elle est accordée avec parcimonie et seules deux personnalités ayant vécu à Genève l’ont reçue à ma connaissance: l’ancienne présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey et l’ancien directeur du Grand Théâtre Hugues Gall.
- Cet honneur provient des activités professionnelles et bénévoles que j’ai déployées depuis une vingtaine d’années en faveur des échanges culturels et économiques entre la Suisse et la Russie. C’est ainsi que dans les années 1990, en qualité de directeur-rédacteur en chef de la Tribune de Genève, j’ai publié plusieurs séries d’articles consacrés aux Russes qui ont fait Genève et aux Genevois qui ont fait la Russie. J’ai aussi pu établir que les murailles du Kremlin avaient été construites en 1480 par un Suisse, Pietro Solari, et non par un Italien. De même j’ai contribué à la commémoration de François Lefort, citoyen genevois frère du syndic de l'époque, premier amiral de la flotte russe à la fin du XVIIe siècle et qui a sauvé Genève de la famine en 1693 en lui envoyant une cargaison de blé. Une statue en son honneur a été inaugurée en 2008 sur la Place Sturm. En 2006, à la demande de l’ambassadeur de Suisse en Russie et du Conseil d’Etat, j’ai également organisé une semaine économique et culturelle genevoise à Moscou, laquelle a obtenu un grand succès avec une délégation de plus de 40 personnes conduites par les présidents du Conseil d’Etat, du Grand Conseil et le Maire de la Ville. En 2009, j’ai également participé à une manifestation similaire organisée par le canton de Vaud. De nombreux autres échanges, tant économiques que culturels, ont également eu lieu ces dernières années, qui ont notamment contribué à l'implantation ou à l'épanouissement d'entreprises russes génératrices de centaines d'emplois à Genève.
- Dans le cadre de mes activités dans la Genève internationale, j’ai également soutenu, parallèlement aux efforts de feu l’ambassadeur Luzius Wasescha, l’accession de la Russie à l’OMC, afin de renforcer cette organisation importante pour Genève. De même, connaissant l’importance que la Russie accorde au dialogue multilatéral dont la Genève est le centre mondial, j’ai toujours œuvré en faveur d’une bonne entente entre autorités suisses et russes. A un moment où les Nations Unies sont plus que jamais sous pression et où Genève accueille à nouveau les négociations de paix sur la Syrie, il est essentiel de pouvoir compter sur le soutien russe à la Genève internationale.
- En 2015, j’ai également publié à Genève et Paris un livre intitulé « Russie-Occident : une guerre de mille ans » qui analyse les incompréhensions et les préjugés qui entachent les relations entre l’Europe et la Russie. Ce livre, paru en russe en italien en 2016 a reçu un accueil favorable dans tous ces pays et a paru et paraitra prochainement aux Etats-Unis, en Serbie, en Suède et en Chine.
- Je n’ai pas non plus sollicité cette distinction. L’initiative est venue du ministère russe des affaires étrangères. Elle m'est remise à titre personnel mais aussi au nom de ma famille et des dizaines de personnes qui m'ont secondé dans le rapprochement entre nos deux pays.
En conclusion, j'aimerai mentionner un aspect plus personnel et rappeler que l'origine de toutes ces activités remonte à l'adoption de ma fille Oxana, dans un orphelinat de la région de Vladimir, en Russie, en décembre 1994. L'arrivée d'Oxana dans notre famille nous a valu, grâce à une disposition de la loi russe sur la citoyenneté abrogée depuis, de recevoir la nationalité russe par décret du président Yeltsine, comme je l'avais mentionné lors du discours d'investiture à la présidence du Grand Conseil en novembre 2009. Cette particularité familiale, unique et non reproductible, devrait rassurer ceux qui craignent de créer un précédent ou de déroger à la neutralité. Elle explique aussi pourquoi cet honneur, dans mon cas, correspond aussi à un pan essentiel de mon histoire familiale.