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La cancel culture à l’assaut des entreprises

 

Les entreprises doivent-elles se soumettre à la dictature du Bien ? Comme toutes les activités humaines, l’économie se doit de respecter les principes moraux de base. Primum non nocere, d’abord de ne pas nuire, et ensuite ne pas tromper. On ne saurait tolérer que des entreprises, comme ce fut le cas pour le tabac, les pétroliers, certains fabricants de produits toxiques, paient par exemple des études pseudo-scientifiques pour abuser la confiance du public et lui faire courir des risques mortels. On se félicitera aussi du fait que les banques ne puissent plus fermer les yeux sur la fraude fiscale ou l’origine potentiellement criminelle des fonds dont elles ont la charge.

L’économie est aussi une éthique.

Mais le monde économique doit-il pour autant accepter les diktats que certaines organisations de la société civile et certains pouvoirs politiques cherchent à lui imposer au nom d’un sens des responsabilités qui n’a plus aucune limite ? J’en doute fortement.

C’est pourtant ce qui est en train de se passer un peu partout en Occident. La « cancel culture », la culture de l’épuration, se répand comme un cancer et sort du domaine privé (attaques personnelles contre les personnes jugées racistes ou sexistes sur les campus universitaires et les réseaux sociaux) où elle était confinée jusqu’ici pour envahir la sphère économique.

Les Etats-Unis avaient déjà donné un avant-goût de ces dérives à la fin des années 1990 avec l’affaire des fonds juifs, puis à la fin des années 2000 avec la guerre menée contre le secret bancaire et la généralisation des sanctions économiques contre les pays et dirigeants qui leur déplaisaient. Récemment, le mouvement BDS, lui aussi sorti des campus américains, et qui vise à boycotter les produits fabriqués dans les colonies israéliennes, a élargi cette pratique à la société civile.

Les sanctions économiques validées par le droit international - les Nations-Unies -, doivent naturellement être respectées. Mais que dire de toutes celles prises unilatéralement, en violation du droit des gens, et imposées par la force comme c’est le cas des sanctions contre l’Iran, la Russie, la Chine, le Venezuela, Cuba et tant d’autres ?

 

Aujourd’hui, sous l’influence des managers du narratif ouïgour d’origine anglo-saxonne, cette chasse au prétendu coupable tend à devenir hystérique en Occident. Chaque jour, dans les journaux et sur les ondes d’Europe et des Etats-Unis déferlent des torrents de reportages, de témoignages, d’éditoriaux qui vont tous dans le même sens. Pas l’ombre d’un début de contradiction ou d’opinion différente. On prend comme un fait établi que la Chine commettrait un « génocide » contre les Ouïgours. Et, sous ce prétexte, nos entreprises sont sommées de boycotter les produits du Sinkiang, comme on a pu le voir récemment dans nos médias qui se sont complaisamment transformés en porte-parole des réseaux droits-de-l’hommistes antichinois.

Cette ingérence de la politique dans des affaires qui ne relèvent pas de la responsabilité directe de l’économie a d’autant moins de raison d’être que ce « génocide » n’est aucunement prouvé et n’a jamais eu cours (pour l’instant en tout cas), contrairement à ce qui est insinué. De nombreuses contre-enquêtes conduites par des journalistes d’investigation américains sérieux (cf. par exemple Ajit Singh, The « Independent » Report Claiming Uyghur Genocide, The Grayzone, 21 mars 2021. Ou Gareth Porter and Max Blumenthal, The US « Genocide » Accusation Against China, Consortiumnews, 21 février 2021) montrent surtout qu’il s’agit d’une campagne de propagande extrêmement active et savamment orchestrée menée à l’encontre de la Chine depuis que l’Administration Trump a déclaré la guerre à Pékin.

On ne doute pas que la Chine mène une politique de répression féroce contre les islamistes ouïgours, qui ont d’ailleurs figuré pendant des années et jusqu’en 2017 sur la liste des organisations terroristes combattues par les Etats-Unis. Mais l’accusation de génocide relève manifestement de la campagne d’intoxication. Il y a fort à parier qu’une fois que les JO de Pékin 2022 auront été boycottés par les Etats-Unis et les Européens les plus serviles, la fièvre retombera.

Il en sera de cette affaire comme de celle de la prétendue ingérence russe dans les élections américaines de 2016, qui a tenu en haleine toute la presse occidentale mainstream jusqu’en 2019 avant d’être démolie par le rapport Mueller. Ou de la campagne de 1999 pour justifier les bombardements illégaux de l’OTAN contre la Serbie. Ou de la fausse affaire des bébés koweitiens jetés par terre par les soldats irakiens en 1991 pour justifier la Guerre du Golfe. Ou celle des fausses armes de destruction massive de Saddam Hussein pour justifier l’invasion de l’Irak en 2003. Ou encore de la saga des Casques blancs syriens, ces soi-disant gentils secouristes qui servaient de paravent aux terroristes islamistes financés par les monarchies du Golfe dans les années 2015-2018.

Il est remarquable qu’en Europe aucun média n’ait questionné ce narratif antichinois, réglé comme du papier à musique, ne serait-ce que pour en démonter les mécanismes, les financements, les réseaux afin, non pas de blanchir le régime chinois, mais de mettre en lumière les ressorts cachés de cette bataille géopolitique dont le peuple Ouïgour n’est que l’instrument involontaire et la victime collatérale.

Dans tous les cas, les entreprises et l’économie n’ont pas à être pris en otage dans une guerre dans laquelle, cette fois-ci en tout cas, ils ne sont pour rien.

 

 

 

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