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L’accord-cadre est mort, vive le nouveau départ

On peut geindre, taper du pied avec rage, hurler à la mort lente de la Suisse, pourfendre la « lâcheté » du Conseil fédéral comme le font le NOMES et le lobby des chercheurs qui craignent pour les subventions européennes. Ou on peut au contraire se sentir soulagé que le Conseil fédéral ait eu le courage de ne pas prolonger l’acharnement thérapeutique pour maintenir en vie un accord qui aurait de toute façon été condamné par une majorité du peuple suisse au cours d’une votation qui aurait profondément et durablement divisé le pays.

Par réalisme autant que par idéalisme, je préfère la seconde option.

Le réalisme d’abord. Sur le plan politique, comme je viens de l’indiquer, pourquoi aller au-devant d’un échec assuré ? Goût du suicide ? Plaisir sadomasochiste ? Pourquoi perdre deux ans de plus dans un combat perdu ? Pourquoi diviser le pays en deux camps irréconciliables pendant des décennies alors qu’on a besoin de toutes les énergies pour affronter les défis climatique, énergétique, sociaux à venir ? Seul l’aveuglement le plus obtus militait en faveur d’un jusqu’au-boutisme.

 

Sur le plan économique, il est évident que la décision aura des conséquences. Certains coûts vont augmenter. L’accès au marché européen, aux crédits de recherche, aux études sera plus difficile. C’est regrettable. Mais pas mortel. Ce qui fait la force d’un pays, c’est la volonté commune de trouver des solutions. Les syndicats, qui ne sont pas pour rien dans ce refus, vont devoir coopérer et c’est plutôt une chance.

L’idéalisme ensuite. Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a beaucoup de défauts dans la conduite de la politique extérieure du pays mais son idée d’un grand « reset » de nos relations avec l’UE n’était pas mauvaise. Au moment de son entrée en fonction, elle était simplement inexécutable. L’accord-cadre était sous toit et ses supporters le plus fervents ne pouvaient pas supporter l’idée d’une réinitialisation de nos rapports avec l’Europe. Aujourd’hui, les choses sont mûres et c’est de toute façon ce que nous allons devoir faire, indépendamment de l’urgence de renégocier tel ou tel accord commercial particulier.

Comme le dirait n’importe quel entrepreneur digne de ce nom dans ce pays, cette crise est aussi une chance de rebondir et d’innover. Avec l’Europe et en dehors de l’Europe. Et sur ce plan, on attend du NOMES, de Foraus et tous ceux qui rabâchent le refrain « Europe, Europe ! » comme des cabris qui sautent sur leurs chaises, qu’ils nous présentent d’autres réflexions, plus audacieuses, plus critiques aussi, sur l’Union européenne. Laquelle n’est pas sans défauts non plus : son fonctionnement opaque et non démocratique, son néolibéralisme sectaire qui l’empêche de créer des entreprises compétitives au niveau mondial, sa soumission aux intérêts américains méritent aussi discussion.

Alors au travail !

 

 

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