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  • Petite incursion aux sources de l’Arve à Balme

    8e étape - Châtelard-Alpage du Catogne-Béchat-Col de Balme-Arolette-Les Tseppes-Trient - Vendredi 2 août
    Parti tôt ce matin de Vernayaz avec le Mont-Blanc Express pour reprendre ce tour du Valais à pied après la pause de la fête nationale. A Châtelard, le temps est maussade et la journée s’annonce ingrate, pas tant à cause des chemins qui sont au contraire excellents, mais en raison du brouillard qui masque le paysage. Le chemin, tantôt moussu, tantôt herbeux ou semé d’aiguilles de pin, monte en pente douce à travers une forêt de bouleaux, de sapins, de sorbiers et de mélèzes. On dépasse un premier alpage, puis un deuxième, avant d’arriver à l’écurie et au chalet d’habitation en ruines des Preises. Plus haut, à Catogne, c’est tout le hameau qui tombe en morceaux. Pas âme qui vive, à part les marmottes et une petite souris apeurée! Le versant nord de la haute vallée du Trient, sauvage, désolé et abandonné, contraste fortement avec le versant sud et ses attractions touristiques d’Emosson et de Finhaut.
    L’itinéraire prévoit de redescendre à Trient en suivant la crête. Mais nous ne sommes qu’à midi et je décide de faire le détour par le col de Balme et les hauts de Chamonix, à deux petites heures. Une fois la frontière passée, c’est à nouveau la ruée. Des vagues de touristes remontent la vallée de Chamonix en télésiège, à pied ou en VTT. Il en vient de partout. Au refuge de Balme, on parle toutes les langues sauf le français. Par chance, le brouillard s’est levé et la vallée du Trient comme celle de Chamonix sont visibles. Seuls les sommets sont cachés.
    Au refuge, une grande carte est placardée sur le mur et je constate que je viens de traverser des ruisselets qui s’avèrent être les sources de l’Arve. Vues d’ici, elles ressemblent à n’importe quel alpage d’altitude un peu humide. L’Aiguillette de Balme qui les chapeaute dépasse tout juste les 2300 mètres. Mais pour un Genevois qui habite entre Arve et Rhône, à défaut d’être grandiose, le spectacle est au moins émouvant…

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  • Convent de bouquetins au col d’Emaney

    7e étape - Salanfe-Col d’Emaney-Emaney-Col de Barberine-Emosson-Châtelard - Lundi 29 juillet
    La brume peine à se dissiper sur l’ex « plus grandiose pâturage de Suisse, la Merveille » comme disaient les écrivains du début du XXe siècle. Une ceinture de nuages cache encore le sommet des montagnes et le fond de l’air, après ces deux jours d’orages et de pluies, est très frais. Départ à 8h40 avec la traversée du barrage qui raconte l’histoire de la construction de l’ouvrage à la fin des années 1940 et la mise en eau début 1953.
    Le chemin monte d’abord lentement et je croise le troupeau de vaches de mon cousin, des génisses noires et grises pour la plupart. Elles sont curieuses, amicales et viennent me lécher la main.
    Au bout d’une petite heure, arrivée au lac des Ottans et à l’ancienne mine d’or et d’arsenic qui le surplombe. 331 tonnes d’arsenic et 24 kilos d’or y ont été extraits dans les années 1900. Elle sert aujourd’hui d’abri aux spéléologues qui sondent les galeries et les grottes qui parcourent les flancs du Luisin. Je pars sur la droite, à la recherche de deux autres petits lacs à l’écart du chemin et que m’ont recommandés mes amis genevois de la veille. Ils sont bien cachés derrière des monticules herbeux. Le second est littéralement paradisiaque : eau limpide, assez profond pour nager, entouré de petits rochers et de rhododendrons en fleur : un vrai spa en pleine nature avec vue imprenable sur les sommets qui se dégagent peu à peu de leur gangue de nuages. Sauf que l’eau ne doit pas excéder 8 ou 9 degrés…
    Avant d’arriver au col, je devance un trio de Coréens harnachés comme des sherpas. Ils ne parlent pas un mot de français ou d’anglais et s’expriment uniquement par onomatopées ou avec leurs applications smartphone. Au col, surprise! A travers la brume qui va et vient, un troupeau d’une vingtaine de bouquetins est en train de brouter, à quinze mètres, peu farouches. Certains sont couchés, les autres broutent en me surveillant d’un œil. Deux mâles se battent en se jetant l’un sur l'autre avec leurs cornes.
    Les Coréens approchent et je les prie de faire silence. Ils sont tout surpris par le spectacle et mitraillent les bouquetins avec leurs appareils photos. On regarde, on commente, on prend des selfies sur fond de bouquetins, puis on entame la descente sur Emaney, en redescendant vers le fond du vallon à travers les pâturages. Comme Salanfe, mais avec le barrage et le lac en moins, Emaney est aussi un alpage vaste et réputé, avec un berger, Jean-Marc, qui y monte depuis des décennies et a eu les honneurs d’un reportage de la RTS en 1965 déjà, comme vient de le rappeler le journal Le Temps.
    Au fond de la vallée, arrêt pique-nique. Puis départ pour le col de Barberine, toujours accompagné de mes Coréens. On m’a annoncé un passage difficile pour traverser un torrent au sommet d’une cascade et surplombé par un névé qui n’a pas encore fondu. Je juge donc plus prudent de traverser en groupe. L’obstacle franchi, la montée reprend, raide comme toujours. Maintenant, le ciel est dégagé et le soleil tape fort.

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  • Montée au refuge des Dents du Midi sous une pluie glacée

    6e étape - Salanfe-Sopéca-Refuge des Dents du Midi-Salanfe -Dimanche 28 juillet
    Il pleut. Un épais brouillard et une pluie intense cachent le lac et les montagnes. Après l’orage de la veille, je reste au chaud à l’auberge. Grâce au code wifi obligeamment dévoilé par le patron, je peux répondre aux innombrables messages accumulés ces derniers jours et réécrire les comptes rendus de la deuxième et troisième étape, funestement évaporés.
    Vers midi, l’inaction commence à me peser. Il pleut toujours mais la météo annonce une accalmie dans l’après-midi. Elle ne viendra jamais. Mais je l’ignore et je me résous à sortir et à m'attaquer au refuge des Dents du Midi, encore jamais visité. Tout à l’heure, les deux gardiens qui ont bien dépassé la septantaine et leur petit-fils de huit ans, ont attaqué la montée. Elle ne doit donc pas être impossible, même dans ces conditions. Les panneaux annoncent trois heures de marche et mille mètres de dénivellation.
    La montée s’avère très, très pénible. ll pleut sans arrêt, les chaussures et les pantalons sont rapidement trempés malgré un équipement ad hoc. Rien n’y fait, l’eau s’infiltre partout, coule dans la nuque, mouille le dos et ruisselle dans les chaussures.
    Le chemin est détrempé et glissant. Heureusement, il n’y pas de rafales de vent ni de grêlons. Mais la pluie est très froide et à l’approche de l’arrivée, à 2900 mètres, elle devient glaciale. Le thermomètre affiche 4 degrés, il neige presque et les mains sont gelées.
    L’escalade est interminable et solitaire, la vue nulle. Mais l’idée de capituler alors que des gens plus âgés et un enfant sont devant moi m’oblige à avancer. Et finalement, à quelques centaines de mètres de la cabane, je rattrape la famille de gardiens, qui peine aussi. Seul le garçon gambade comme un chamois dans les éboulis, les rochers et les petits névés.
    Enfin, le cabanon blanc des toilettes apparaît sur une crête et après un dernier effort, la cabane est en vue.
    Par chance, le gardien précédent descendu la veille a laissé un thermos de thé encore chaud et bien garni le potager à bois. Le feu repart vite. Après trois heures de pluie glaciale, les 15 degrés du refuge paraissent un luxe inouï. Dehors, la pluie bat contre les carreaux et le brouillard cache le petit glacier qui s’étale entre le refuge et les pieds des Dents du Midi.

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