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  • Bref conciliabule avec l’évêque de Sion au Grand Saint-Bernard

    11e étape - La Fouly-Lacs de Fenêtre-Col de Fenêtre-Baou-Grand Saint-Bernard - Lundi 5 août 2019

    Départ à 8h45 de La Fouly avec des gouttes de pluie, avec mon bocal de champignons au vinaigre de la veille. La route monte agréablement jusqu’à Ferret. J’ai juste le temps d’arriver à l’Hôtel du Col de Fenêtre avant la première averse qui descend les pentes du Mont Dolent. Un café et quinze minutes plus tard, je reprends la route en direction de la buvette d’Ars puis sur le chemin carrossable qui mène à l’alpage de la Chaux. Nouvelle averse.
    Le berger est un voisin. C’est un Valdotain barbu, sympathique mais pas trop bavard comme tous les montagnards. Il doit s’occuper de 110 vaches, les traire matin et soir et fabriquer tous les jours le fromage et le sérac. Le chemin grimpe ensuite sec jusqu’aux lacs de Fenêtre, au nombre de trois. Il pleuvine tout le long de la montée. Une fois arrivé dans la combe des lacs, la pluie cesse mais le soleil se cache toujours et il fait trop frais pour espérer se baigner. Côté France, la pointe de lAiguille du Géant disparaît sous les nuages et le Mont-Blanc reste invisible.
    Après une petite pause près du troisième lac, je décide d’attaquer le col par la droite en montant au sommet d’une petite pointe qui culmine à 2820 mètres. On n’est pas loin du point de rencontres des trois frontières et la vue sur les trois pays, la France, la Suisse et l’Italie, et sur le col du Saint-Bernard en contrebas, bien sûr.
    En descendant, je rattrape un jeune couple d’instituteurs genevois venus randonner dans le coin, ce qui me permet de couper sur la gauche et d’emprunter avec eux le chemin étroit qui surplombe la route du col sur le versant italien et comporte un ou deux passages scabreux que j’aurai hésité à franchir seul. A 15h30, nous franchissons le col du Grand saint-Bernard par l’ancienne voie romaine qui, côté italien, est encore bien taillée dans la roche.
    L’Hospice, comme toujours en cette saison, est pratiquement plein. On y croise évidemment quelques chanoines, des religieuses en vacances et beaucoup pèlerins qui parcourent tout ou partie de la Via Francigena, entre Cantorbéry et Rome. Ici, pas d’ultratrailers, de vététistes ni d’Asiatiques, mais plutôt des familles avec enfants et des nationalités qui s’entremêlent mais avec une majorité de chrétiens européens, Écossais, Allemands et de nombreux Italiens dont certains font aussi le Tour du Grand-Combin, qui semble populaire en Italie.

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  • Conserve de champignons à La Fouly

    10e étape – val d’Arpette-Champex-Issert-Praz de Fort-La Fouly – Dimanche 4 août 2019
    Après la rude étape d’hier, la journée s’annonce tranquille, dominicale, dans tous les sens du mot, soit plutôt reposante. Comme tous les matins, je procède donc à mes exercices de yoga et et à mes étirements rituels, sans hâte, sous les sapins en regardant le soleil descendre le long du val d’Arpette, à côté des vaches qui broutent. Vers 8h45, je m’élance le long du torrent puis du bisse qui alimente le lac de Champex. La station est encore endormie. Seuls quelques pêcheurs occupent les rives et tentent d’accrocher quelques truites d’élevage avant l’arrivée massive des randonneurs et des amateurs de pédalos.
    Après Champex, le chemin descend en pente douce et très agréable le long du Val Ferret. Le Sentier des Champignons est dédié à la mycologie locale et est balisé de panneaux explicatifs sur les principales espèces locales, bolets, cortinaires, russules, amanites. Par réflexe, je jette un coup d’œil sur les pentes et ne tarde pas à être récompensé. Après quelques minutes, j’aperçois sur deux petits amas de pied-de-moutons qui font bien 500 grammes chacun. Je les ceuille en me disant que je trouverai bien une solution pour les apprêter.
    Après une bonne heure de descente, on arrive à Issert, au milieu du val Ferret. Les randonneurs du Tour du Mont-blanc marchent en procession. Petite pause sur la minuscule terrasse du café du village, à côté d’un groupe de gens du coin qui les regarde défiler en buvant l’apéro. Le spectacle est fascinant et on se sent bien à l’ombre à regarder transpirer des gens en plein soleil...
    Le chemin remonte ensuite le long du val en traversant des petits hameaux tranquilles et bien aménagés, avec des raccards à blé et des granges-écuries aux façades de bois souvent sculptées de symboles religieux, croix, rosaces, inscriptions qui témoignent de la vie agricole intense des lieux. On quitte le sentier des champignons pour celui des greniers à blé.

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  • Des mérites des fromages suisses à Arpette

    9e étape - Trient-Chalet du Glacier-Alpage de Vésevey-Fenêtre d’Arpette-Val d’Arpette-Relais d’Arpette - Samedi 3 août
    Temps frais, idéal pour marcher. Départ à 8h30. Montée pendant une bonne heure en pente douce à travers prairies et bois jusqu’à la buvette du glacier du Trient, jadis aux pieds du glacier. On y apprend que ledit glacier a perdu un kilomètre entre 1890, au moment où l’on exploitait sa glace pour l’expédier par train à Paris, et les années 1980, et qu’il a de nouveau reculé d’un kilomètre ces trente dernières années !
    Le chemin remonte ensuite la crête de la moraine et les choses se corsent. Il devient de plus en plus raide. Un hélicoptère jaune treuille les provisions et le bois pour les bergers de l’alpage de Vésevey, atteint au bout d’une autre heure. Les deux bergers, originaires de Martigny et donc Valaisans pur sucre, les entreposent dans la minuscule cabane de pierre qui leur sert d’abri, fauchent les orties, rangent le bois de feu. Ils veillent sur 130 moutons. Par beau temps, ils jouissent d’une vue spectaculaire sur les glaciers. Mais les journées de pluie et de brouillard doivent être longues, quand il faut rester terrés dans cet abri exigu, sans eau ni électricité, et où l’on peut à peine se tenir debout.
    Après l’alpage, le chemin ne prend même plus la peine de faire des virages et grimpe carrément à la verticale! Et pourtant on y croise une foule de gens, de tous âges et de toutes nationalités, comme d’habitude. C’est qu’on est au cœur du tracé du Tour du Mont-Blanc, le plus populaire des Alpes. Je transpire aux côtés de deux Irlandais et d’un Australien, qui, comme moi, portent leur âge et s’arrêtent souvent pour retrouver leur souffle.
    Enfin, au bout de deux nouvelles heures, la Fenêtre d’Arpette est en vue. C’est la cohue, les montants croisent les descendants, tous s’arrêtant sur le col pour la pause déjeuner.
    La descente sur le vallon d’Arpette est presque aussi rude que la montée. Mille deux cents mètres de dénivelé à la montée, mille à la descente sur des chemins étroits et caillouteux, ce n’est pas franchement un cadeau pour des citadins embourgeoisés dans mon genre. Chaque pas doit être soigneusement calculé pour éviter la glissade ou la culbute à travers les rochers. Des blocs de granite obligent à se mettre à quatre pattes. Les bâtons sont précieux pour amortir les chocs et ménager les genoux. La fin des éboulis n’offre qu’un maigre répit.
    Enfin, au bout d’une grosse heure, les premiers arbres apparaissent et la nature devient plus amicale, les fleurs, les vernes, les épilobes et un petit torrent égaient un univers qui était devenu par trop minéral.
    L’alpage d’Arpette et son refuge sont en vue et, après une petite pause rafraîchissante au bord du torrent, m’y voilà rendu vers 17h. Rude journée en vérité. Mais je suis content d’avoir enfin parcouru ce vallon, souvent descendu à ski et souvent évoqué par mes parents qui venaient y cueillir les myrtilles sauvages, fort réputées, lorsque c’était encore permis. La cueillette au peigne est aujourd’hui interdite et il faut désormais les déguster une à une...
    Le soir, je partage une fondue avec deux Hollandais, une Australienne et trois Français. Bonne consistance mais goût un peu fade, adapté aux touristes de toutes obédiences... J’explique à mes convives éberlués qu’il existe autant de fondues que de sortes de sushi, qu’on peut les déguster avec différents vins et qu’on peut décoller la croûte du fond du caquelon. Après cet exposé introductif, j’ouvre la discussion sur la raclette et les mérites du fromage suisse. Sauf que le petit déjeuner du lendemain matin vient casser l’illusion : on nous sert des tranches d’un fromage industriel insipide alors qu’on peut admirer des vaches d’Hérens et leurs tétines dodues par la fenêtre...

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