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Les terroristes ne savent plus lire le Coran

sageman.jpgDéstructurée, sans leader, sans idéologie ni culture propre, avec un immense besoin de se faire valoir, la troisième génération de terroristes n’a plus qu’un lointain rapport avec Ben Laden et les fondateurs historiques d’Al-Qaida. Très jeunes, âgés de 20-25 ans au plus, ils ressemblent bien plus à des voyous de banlieue qui rêvent d’être Ben Laden comme ils rêvaient d’être Zidane il y a dix ans et qui n’ont pratiquement rien de commun avec les militants chevronnés de la cause islamiste, chauffés à blanc dans les maquis d’Afghanistan dans les années 1980.

Psychiatre et expert en contre-terrorisme auprès de la police de New York, l’essayiste américain Marc Sageman a longuement côtoyé, identifié et décrit les comportements de la dernière génération de terroristes. La première vague du terrorisme islamiste est celle des pères fondateurs d’Al-Qaida en août 1988, soit une douzaine de personnes regroupées autour de Ben Laden. Ceux qui ont survécu sont confinés dans les montagnes et les grottes de la région frontière du Pakistan et de l’Afghanistan.

La deuxième vague, celle des attentats du 11 septembre 2001, était formée de jeunes étudiants islamistes qui avaient étudié dans les universités occidentales ou dont les parents avaient fait souche à l’Ouest et qui étaient partis se former dans les maquis afghans par admiration pour Ben Laden, réaction contre le nivellement imposé par la globalisation et fascination pour le retour à un islam originel, primitif, vierge de toute influence moderniste et occidentale. Cette génération, peu ou prou adoubée par les anciens, a fourni de nombreux cadres du mouvement terroriste.

La troisième vague n’a plus qu’un lointain rapport avec la mouvance islamiste. Elle n’est d’ailleurs pas reconnue par Al-Qaida et n’a jamais rencontré Ben Laden même si elle s’en réclame. Ce sont des amateurs qui surfent sur internet pour trouver des recettes plus que des pros qui se sont entrainés dans des maquis. Leurs tentatives d’attentat échouent d’ailleurs souvent. A l’inverse de leurs grands frères des années 1990, ils ne cherchent plus guère leur inspiration dans le Coran: ils sont bien plus nihilistes qu’islamistes.

Dès lors, la riposte à cette troisième vague ne doit plus être militaire, mais policière, suggère Marc Sageman. Pour circonscrire les jeunes déçus des banlieues européennes et américaines, en mal de vivre, et qui pratiquent l’attentat à la bombe comme on brule des voitures un samedi soir, les bombardiers furtifs et les missiles téléguidés ne servent à rien. Et Marc Sageman de dénoncer les néo-cons américains qui, en déclenchant la guerre d’Irak, ont donné des arguments aux jeunes en mal de modèles et de combats. Et de mettre sur le gril le lobby du « complexe terroristo-industriel » qui s’est mis en place après le 11 septembre et qui empêche de donner les bonnes réponses – sociales, politiques et policières – au problème du terrorisme contemporain en Occident.

De quoi donner à réfléchir le futur président américain…

 

 

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