Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pourquoi le CEVA n'est pas si cher

Le Grand Conseil doit voter aujourd'hui la rallonge de 113 millions de francs pour construire le fameux CEVA qui reliera la gare de Cornavin à celle d'Annemasse. La décision galvanise les opposants qui ont d'ores et déjà promis un referendum à cause des coûts, qu'ils jugent excessifs, et du tracé, qu'ils jugent moins bon que celui du "barreau sud", qui relierait Genève à Bogis-Bossey au lieu d'Annemasse.

L'argument du coût étant toujours celui qui permet de couler tous les projets à Genève, il vaut la peine de le démonter sérieusement. Voici donc pourquoi, en réalité, le CEVA est la moins chère des options possibles:

1/Le CEVA permet de remplir deux fonctions essentielles en un seul projet. Tout d'abord, il permet de construire la liaison entre le réseau ferroviaire suisse et le réseau français. Cette liaison est attendue depuis un siècle et demi. Il s'agit de réaliser pour le rail ce qu'on a fait avec le réseau routier en construisant l'autoroute de contournement qui relie le réseau autoroutier suisse au réseau autoroutier français. C'est essentiel. Mais le CEVA a aussi pour avantage, grâce à son tracé par Champel et les Eaux-Vives de faire office de métro souterrain en permettant aux habitants des zones les plus plus peuplées du canton de traverser la région, d'aller à l'hôpital, à la gare ou à l'aéroport en un minimum de temps et sans transferts. D'où l'immense économie réalisée: s'il fallait construire une voie de chemin de fer et un métro, les coûts seraient doublés.

2/Les opposants prétendent que leur tracé serait moins cher que le CEVA. C'est faux pour deux raisons. D'abord parce que le barreau sud s'arrêterait quasiment en rase campagne, à Bogis-Bossey, puisque les Français refusent ce tracé. Le barreau sud coûterait certes moins cher que le CEVA mais serait un gaspillage absolu puisqu'il ne serait pas relié au réseau français, les autorités françaises refusant d'envisager cette option. Si l'on veut jeter l'argent par la fenêtre, comme les Siciliens qui construisent des autoroutes qui ne mènent nulle part, cette solution est évidemment la bonne!

On pourrait cependant envisager que Rail de France entre en matière avec cette option. Mais si c'est le cas, alors l'option barreau sud coûterait beaucoup plus cher que le CEVA puisqu'il faudrait entièrement reconstruire la ligne du pied du Salève en double voie et en l'enterrant, afin de relier Genève aux gares d'Annemasse et de Saint-Julien. La ligne existante est en effet à voie unique et compte 9 passages à niveau, ce qui est impraticable pour un RER digne de ce nom. Et comme le tracé serait beaucoup plus long que celui du CEVA, les travaux seraient alors bien plus chers, et cela sans aucun bénéfice pour les entreprises suisses qui seraient forcément écartées des travaux. Résultat: des coûts plus élevés et des retombées économiques moindres.

3/Troisième argument enfin: le crédit supplémentaire voté par le Grand Conseil tient compte de certains arguments justifiés des opposants, notamment en matière de sécurité et de nuisances. Grâce à la rallonge de 7 millions adoptée, le projet réduira fortement les émissions de bruit - qui seront ramenées au même niveau que ce qui a été fait pour le RER zurichois - et des vibrations, qui pouvaient légitimement inquiéter les riverains du CEVA. Ces mesures ont certes un coût, mais modeste en regard des bénéfices obtenus. La valeur patrimoniale des immeubles et des logements proches du CEVA s'en trouvera grandement accrue, ne serait-ce que grâce à l'amélioration de l'offre de transports et de la mobilité.

 

CQFD.

 

Les commentaires sont fermés.