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Ces peuples qui se rebiffent

Le résultat des élections iraniennes de vendredi dernier sont franchement décourageantes. Pour les Occidentaux du moins, qui comptaient fermement sur une victoire de Mir Hossein Moussavi contre le détesté Ahmadinejad. Mais il va falloir se faire une raison : une majorité d’Iraniens, avec ou sans fraudes électorales, en a décidé autrement. Quelques semaines plus tôt, le même scénario s’est déroulé à Jérusalem, où les élections ont porté au pouvoir une coalition de droite et d’extrême-droite conduite par Benjamin Netanyahu. Ici encore, Américains et Européens auraient tellement préféré voir triompher un tranquille mouvement de partis raisonnables prêts à coopérer pacifiquement au développement de la région.

Les élections européennes de la semaine dernière n’échappent pas à la règle : la victoire des Verts en France ne doit pas cacher un effritement, relatif à droite, plus prononcé à gauche, des partis centristes au profit de l’extrême droite. Vue avec un peu de hauteur, l’érosion de la social-démocratie, qui avait l’avantage de canaliser le mécontentement social, n’est en aucun cas une bonne nouvelle. Car, à terme, cette évolution, pour peu qu’elle s’amplifie, posera de sérieux problèmes.

On en avait eu un avant-goût lors des élections de Gaza qui avaient vu en 2004 le Hamas gagner au détriment du Fatah. Gênées, les démocraties, Israël et Etats-Unis en tête, avaient fait semblant d’ignorer le résultat des urnes et ont longtemps privilégié les élites du Fatah réfugiées à Jericho comme seuls interlocuteurs valables.

Si ce mouvement continue, les démocraties vont être confrontées à un dilemme existentiel auquel elles ne pourront plus longtemps se soustraire : faut-il, comme Voltaire, être prêt à se battre jusqu’à la mort pour laisser s’exprimer ceux avec lesquels on n’est pas d’accord ? Faut-il, au nom de la démocratie, laisser accéder au pouvoir les ennemis de la démocratie ? Ou au contraire ne faut-il pas protéger la démocratie contre ceux qui la menacent ?

Durant la guerre froide, l’Occident avait réagi par la manière forte en organisant des coups d’Etat en sa faveur, de Téhéran en 1953 au Chili en 1973. Avec un bilan mitigé. Et sans espoir de retour, car l’histoire ne se répète pas. La guerre froide est finie et ce scénario a vécu.

Il va donc falloir s’habituer à l’idée que les peuples, quand ils s’expriment, portent de moins en moins au pouvoir ceux qu’on aimerait.

Pour l’Occident, ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle car il devra discuter avec des élus qui contestent de plus en plus ses valeurs. Mais pour la démocratie et le reste du monde, ce n’est pas forcément négatif. Car l’obtention du pouvoir par les urnes exige un respect minimum des formes, c’est à dire des lois, et donc du droit. On n’est plus dans le coup d’Etat ni dans le terrorisme comme moyens de conquête du pouvoir. C’est donc un progrès. Reste maintenant à en prendre acte, en se gardant de tout irénisme…

 

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