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Les clés du vote genevois

Le résultat des élections genevoises a non seulement fait souffrir les états-majors de partis, qui ont tous perdu des plumes à une ou deux exceptions près, mais il a mis rude épreuve les nerfs des commentateurs politiques. Comment interpréter le bond fulgurant du Mouvement des Citoyens Genevois ?

Aucune des explications avancées n’est vraiment satisfaisante. Mobilisation insuffisante des partis traditionnels ? Ils ne se sont ni plus ni moins mobilisés que d’habitude. Passage à vide de la gauche lié à un déclin socialiste ? Avec 31 sièges au lieu de 32, l’Alternative a plutôt bien résisté. Coup de sang populiste comme Genève en connut naguère avec l’Alliance nationale et Vigilance ? Certes, mais alors pourquoi ce prurit survient-il précisément en ce moment ? Manque de sensibilité des partis gouvernementaux à l’insécurité, à la montée du chômage et aux nuisances induites par le trafic transfrontalier ? On se rapproche déjà d’une explication plus convaincante bien que, sur tous ces plans, les partis gouvernementaux, gauche et droite confondue, se soient souvent montrés plus actifs et plus créatifs que le MCG.

 

 

De fait, le MCG a réussi sa percée parce qu’il a été le seul parti à avoir su condenser ces trois inquiétudes en les cristallisant sur un bouc-émissaire facile à identifier : le frontalier. Reste maintenant à comprendre pourquoi cette amère mayonnaise a si bien pris.

Première hypothèse : le sentiment général d’insécurité est un phénomène qui croît à la fois dans le temps et dans l’espace. Il va s’installer dans la durée et gagner en surface, dans la mesure où il ne relève pas seulement de la gêne engendrée par la criminalité de rue et les mendiants roms mais du désarroi face à la crise et à la montée du chômage. Lorsqu’elles fusionnent, ces deux peurs font irruption sur le terrain social et politique. En ce sens, l’avertissement est à prendre au sérieux et nécessite des réponses appropriées, non seulement sur le plan de la justice et de la police, mais aussi sur celui de la justice sociale et de la solidarité.

Deuxième hypothèse : le canton de Genève est à nouveau confronté à ses limites, comme au milieu du XIXe siècle. Ses coutures sont en train de craquer. Il ne s’agit plus maintenant de de garder ou de démolir les vieux bastions médiévaux, mais de franchir ou non la frontière avec la France voisine (c’est plus facile avec le canton de Vaud). S’il veut croître et se projeter dans le XIXe siècle, Genève doit faire éclater ses limites géographiques et mentales traditionnelles. Or le saut qualitatif n’est pas facile à faire. Et force est de constater que cette prise de conscience fait défaut, que les explications des autorités sur l’indispensable projet d’agglomération ont été insuffisantes et qu’il reste énormément à faire pour franchir l’obstacle et créer une région transfrontalière vivante et harmonieuse.

Première réponse : le 29 novembre à l’occasion du vote sur le CEVA.

 

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