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Le prisonnier de la guerre de l’uranium kazakh

En mai 2009, Muktar Dzakishev, le patron de la société d’exploitation de l’uranium kazakh est brutalement arrêté et mis au secret dans une prison kazakh sous des accusations de détournement de fonds et de corruption. Son garde du corps est torturé, il est privé pendant de longs mois de toute relation avec l’extérieur, de visites de sa famille tandis que son avocat n’a pas accès au dossier. Souffrant d’hypertension aggravée, il ne peut pas non plus recevoir de visite médicale appropriée. Le 12 mars dernier, dans un procès à huis clos, il est condamné à 14 ans de prison.

Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme se sont alarmées de cette violation des droits du prisonnier, contraire aux accords signés par le Kazakhstan. UN Watch et la genevoise Organisation mondiale contre la torture (OMCT) se sont mobilisées pour dénoncer une grave atteinte aux droits de la personne par un Etat qui se trouve justement présider cette année l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et qui devrait à ce titre se montrer exemplaire.

Le 17 et le 18 mars, l’OMCT a ainsi mandaté deux médecins cardiologues genevois, les docteurs Francesco Conti et Leo Finci pour tenter de procéder à l’examen médical de Mukhtar Dzakishev à Astana. Mission impossible, la direction de la prison et le juge en charge du dossier les ayant empêchés par tous les moyens d’accéder au prisonnier, ont-ils déclaré au cours d’une conférence de presse au Club suisse de la presse.

Selon les données médicales recueillies par les deux médecins sur la base des informations auprès d’autres collègues et de la famille, le cas de M. Dzakishev est pourtant clair : ce dernier souffre d’hypertension grave qui peut conduire à des ruptures de vaisseaux du cerveau ou des artères, soit à la paralysie ou à la mort. Son état nécessite donc des soins adéquats.

Lors de leur visite dans la capitale kazakhe, les deux médecins genevois ont pu rencontrer l’ambassadeur de l’OSCE qui leur a dit d’emblée qu’ils n’auraient jamais accès au prisonnier, « celui-ci étant un cas tout à fait spécial » et que même l’OSCE s’était vue interdite d’envoyer un observateur pendant le procès.

Aux yeux des observateurs, les reproches adressés à Mukhtar Dzakisvhe paraissent peu convaincants, celui-ci ayant toujours obtenu l’aval des autorités ministérielles compétentes pour les décisions qu’il prenait. Dans la réalité, il semble bien qu’on ait affaire à une lutte de clans au sommet de l’Etat kazakh, le clan du président Nazarbaïev souhaitant récupérer une entreprise stratégique devenue florissante depuis que Mukhtar Dzakishev l’avait sauvée de la banqueroute au début des années 2000…

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