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En attendant le président suisse…

Comme Godot, la réforme du Conseil fédéral se fait attendre sans qu’on la voie vraiment venir. Le mois dernier, Doris Leuthard a montré qu’elle avait conscience du problème et a lancé l’idée d’une présidence étalée sur deux ans et d’un Conseil fédéral flanqué de nouveaux secrétaires d’Etat. Cette proposition a immédiatement suscité les quolibets des esprits forts qui se sont gaussés publiquement des « réformettes » mais qui, dès que les micros sont fermés, se débrouillent toujours pour faire capoter toute réforme.

Il est vrai que le système suisse est pratiquement impossible à modifier à cause des droits populaires : le peuple n’accepte jamais volontiers qu’on touche à ses prérogatives et il a raison. Il se méfie même quand on fait semblant de vouloir lui en donner davantage, comme le font l’UDC et les socialistes en réclamant une élection du Conseil fédéral par le peuple. L’autre obstacle à la réforme est qu’on ne change pas une formule qui a fait ses preuves depuis des décennies, malgré ses défauts. L’équilibre des différents pouvoirs fonctionne et tirer un fil d’un côté revient à défaire tout l’écheveau.

Faut-il pour autant ne rien changer ? Non, bien sûr. Les défaillances actuelles de la gouvernance du pays sont patentes. Elles tiennent pour une part à cette direction collégiale déroutante pour l’étranger, alors même que les pressions internationales exigent plus que jamais une visibilité et une cohérence gouvernementale meilleure. Mais elles tiennent aussi à l’émergence d’un personnel politique médiocre - voir la réforme de l’armée d’Ueli Maurer et les misérables querelles de partis – et obsédé par des enjeux parvules, sans réseaux ni vision internationale. Et pour surmonter ce handicap, rien ne sert de réformer les institutions : le meilleur système du monde sera toujours incapable d’insuffler de l’esprit et de la vista à des chefs de partis, à des députés et à des conseillers fédéraux à la mentalité de hobereaux de province.

Le meilleur moyen de redonner du souffle et de la cohérence à l’action gouvernementale en contournant l’écueil de la votation populaire est de former des coalitions parlementaires plus cohérentes et dotées de lignes directrices plus claires : centre-droit avec l’UDC, ou centre-droit avec les socialistes et les Verts. Les deux alliances sont possibles, et pourraient même alterner dans le temps. Mais elles supposent beaucoup d’énergie gaspillée en initiatives et en referendums lancés par les partis exclus du pouvoir. C’est néanmoins une alternative crédible. En attendant qu’elle se réalise, saluons le geste de Doris Leuthard et dépêchons-nous de le mettre en œuvre. Nous aurions alors réalisé une petite réforme, mais une réforme salutaire quand même.

 

 

 

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