Oui aux minarets, non à la burqa !
Après le vote du Parlement belge, les controverses françaises et la motion argovienne, le débat sur la burqa revient en force sur la scène suisse. Et il faut qu’il ait lieu car autant l’initiative contre les minarets était contestable, autant une interdiction de la burqa paraît, cette fois-ci, raisonnable.
Car c’est l’idée du progrès, de la civilisation, de l’art du vivre ensemble qui est en jeu. En s’attaquant aux minarets, on s’attaquait au principe même de la liberté de croyance et de pratique religieuse, chèrement acquis au cours des siècles, et base même de la conception moderne de la laïcité qui est l’un des fondements de nos sociétés contemporaines. Même si les minarets, comme les clochers, ne sont pas indispensables à la prière et à la foi, ils font partie intégrante de la culture religieuse musulmane et il ne viendrait à l’idée de personne de bonne foi de le contester. C’est pourquoi il fallait combattre l’initiative contre les minarets.
Il en va tout autrement de la burqa. La burqa, le niqab ou le voile intégral comme on voudra, ne sont pas des symboles religieux. Le Coran ne prescrit pas le voile intégral, qui n’est apparu que bien après la mort de Mahomet. Comme le dit le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, « le voile intégral n’au aucune raison d’être porté par les Musulmans dans le monde et il y a encore moins de raison qu’il soit porté en Europe. » Et de regretter le manque de fermeté des Européens et d’appeler à une mobilisation contre cette manifestation de l’islam radical (cf. Le Matin Dimanche).
Dans les faits, la burqa est d’abord porté par les filles comme signe de transgression, les jeunes garçons préférant se convertir à grands fracas comme le Suisse Nicolas Blancho, ou jouer la provocation inconsciente comme ce menuisier kosovar qui compare la femme à un « diamant qu’il faut préserver en la mettant dans une banque ». En réalité, ces jeunes sont instrumentalisés par les mouvements salafistes et intégristes, qui incarnent la mouvance la plus dangereuse de l’islam politique. Et c’est ici qu’il y a danger pour la civilisation, notamment pour la place qui y occupe la femme. Le port de la burqa dans l’une de nos rues n’a rien de religieux, c’est une insulte faite aux femmes occidentales qui ont bataillé pendant deux siècles pour leur égalité, leur droit au travail et leurs droits politiques. C’est donc à une immense régression, au reniement même de toutes les valeurs qui ont fondé notre civilisation dans ce qu’elle a de meilleur que nous sommes invités.
Certains jeunes d’aujourd’hui se jettent dans l’islam politique comme d’autres ont été gauchistes dans les années 1970 ou se sont jetés dans la drogue plus tard. Mais il n’y a pas de raison de tout céder et de rester les bras ballants sans réagir. Avant qu’il ne soit trop tard, nous devons impérativement fixer des limites très fermes pour ceux qui adhèrent à l’islam plus pour sa composante politique que pour sa tradition spirituelle et religieuse. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?