Veyrier-Etrembières sans frontières
Messieurs les Maires,
Monsieur le Député et Monsieur le Sénateur de Haute-Savoie,
Mesdames et Messieurs les maires-adjoints, les conseillers administratifs et les élus municipaux,
Chers amis,
Avant toute chose, j’aimerais vous remercier de m’avoir invité à l’inauguration de la manifestation « Veyrier-Etrembières sans frontières ». Tout à l’heure, de façon très symbolique, nous avons coupé le ruban qui marquait la frontière entre Genève et la Haute-Savoie, entre la Suisse et la France. Ce geste, mieux que mille discours, abolit la frontière qui nous a trop longtemps séparés.
Si nous voulons abolir la frontière, ce n’est pas pour gommer toute différence entre Savoyards et Genevois – l’histoire nous a faits différents et c’est aujourd’hui une chance bien davantage qu’un handicap, sinon que deviendrait notre belle fête de l’Escalade et pourquoi nos amis français fêteraient-ils les 150e anniversaire du rattachement de la Savoie à la République française ? Mais c’est parce que nous voulons construire ensemble une région à taille humaine, une région qui existe dans l’espace francophone et qui trouve sa place dans l’espace européen.
Il est emblématique aussi parce qu’il vient de la base, des communes, qui constituent dans nos deux pays le premier noyau de la participation citoyenne à la vie démocratique. Une région se construit par le bas et ne se décrète pas dans les cabinets ni dans les capitales, ce qu’il faut parfois rappeler aux pouvoirs centraux, pas toujours attentifs aux besoins des provinces, et parfois mêmes soupçonneux quand celles-ci prennent des initiatives. Je tiens donc à remercier les communes de Veyrier et d’Etrembières qui ont décidé, ce soir, de montrer concrètement la voie à suivre pour construire ensemble notre région, en organisant plus de 70 manifestations en 15 jours.
La construction de cette région transfrontalière, vous le savez, ne va pas de soi. Pour l’instant, elle est surtout portée par la mise en place d’infrastructures de transport. Côté suisse, le vote favorable des Genevois pour le CEVA, la mise en place du projet d’agglomération franco-valdo-genevois et le soutien des autorités genevoises à la candidature d’Annecy au JO d’hiver 2018 ont donné une impulsion majeure au développement d’un esprit régional. Côté français, le soutien au CEVA, la mise en service de la nouvelle autoroute A 41 et de la future ligne des Carpathes ainsi que les travaux communs pour la construction du LHC au CERN illustrent la volonté de coopérer.
Mais des résistances se font jour aussi. Résistances politiques, avec l’émergence à Genève d’un mouvement anti-frontalier et d’un sentiment d’insécurité qui remettent en cause l’ouverture des frontières. Résistances pratiques aussi, dues à la disparité des moyens, des ressources, et des déséquilibres économiques entre nos deux pays respectifs – emplois d’un côté et logements de l’autre. Résistances institutionnelles enfin, les instruments de gouvernance de la région faisant défaut pour résoudre en commun ces problèmes qui vont aller en s’aggravant si nous restons les bras croisés.
C’est pour exprimer, répertorier, identifier ces problèmes et tenter de trouver le moyen institutionnel de les exprimer sur la scène politique et de faire éclore des solutions concertées que le Grand Conseil a pris l’initiative de réunir les premières assises transfrontalières franco-valdo-genevoises le 4 juin prochain au Centre international de conférences de Genève. Ces assises réuniront plus de 100 élus genevois, vaudois, savoyards et du pays de Gex pour esquisser ce que pourrait être la future gouvernance de notre région. On en est conscient aujourd’hui, le traité de 1974 qui a instauré le Comité Régional franco-genevois fournit un cadre insuffisant. Le CRFG remplit certes une fonction très utile, mais tant sa composition et son champ de compétence, qui mélange fonctions parlementaires et fonctions exécutives, que sa périodicité et son mode de fonctionnement ne permettent plus d’anticiper ni de résoudre les problèmes d’une région en voie d’intégration rapide.
Quatre ateliers seront organisés pour traiter ces thèmes. Les assises seront dirigées par une co-présidence tripartite franco-valdo-genevoise de façon à assurer à chaque partie des chances égales. Le but est de dégager de nouvelles pistes pour diriger la région et assumer notre destin, tout en respectant nos systèmes institutionnels respectifs et les prérogatives des autorités centrales. Ce ne sera pas facile, il va falloir à la fois faire preuve de créativité et de pragmatisme, mais l’enjeu en vaut la peine.
Je vous invite donc toutes et tous à y participer, en qualité d’élus locaux ou nationaux, ou en qualité de citoyens comme observateurs.
Ce soir, nous avons nous avons fait un premier pas pour construire la région, le 4 juin, avec votre concours, nous en ferons un deuxième. Le mouvement est lancé, engageons-nous.
Guy Mettan
Président du Grand Conseil