Ben Brik ou l’arroseur arrosé
Depuis dix ans, nous avons déjà eu plusieurs fois l’occasion d’évoquer dans nos articles, et dans ce blog, les relations tumultueuses entre les opposants et les partisans du régime tunisien. En tentant chaque fois de mettre en garde contre les faux-semblants et de faire la part des choses entre les nobles intentions et la dure réalité des faits. Cette fois-ci, la chronique devient franchement cocasse avec les derniers démêlés que l’un des plus médiatiques opposants au Président Ben Ali, je veux parler de Taoufik Ben Brik, vient d’avoir avec la justice française.
Il y a quelques années déjà, Ben Brik s’était illustré par une grève de la faim qui s’était terminée en eau de boudin, si j’ose dire, parce qu’on avait découvert qu’il dévorait des cuisses de poulet en cachette. C’est très bien de manger du poulet mais c’est un régime alimentaire peu recommandé par les grévistes de la faim.
Cette année, comme chaque fois que s’approche la date de la journée internationale de la liberté de la presse, Ben Brik a claironné comme à l’accoutumée son indéfectible attachement à la liberté d’expression, avec le soutien de nombre de médias parisiens, en dénonçant la justice tunisienne qui l’aurait injustement condamné parce qu’il avait agressé et maltraité une automobiliste lors d’un accident de voiture.
Et tous les médias bienpensants de sonner les trompettes contre l’injustice et de clamer leur soutien à l’innocente victime face à ses juges « bourreaux des libertés ». Procès d’intention ? Difficile à dire puisque nous n’étions pas présents au moment des faits. Mais un événement récent vient en tout cas mettre sérieusement en doute cette belle version puisque, cette fois, c’est en France qu’un incident de même nature s’est produit avec le même protagoniste.
Une plainte a en effet été déposée en mars 2004 auprès de la police judiciaire de Paris à l’encontre de Ben Brik par une jeune Tunisienne qui l’accusait de violences corporelles et de tentative de viol à l’Holiday Inn de Paris alors qu’elle était en sa compagnie. Un hôpital parisien avait alors dûment délivré à la victime un certificat médical indiquant clairement qu’elle avait subi des violences corporelles et sexuelles successives. Reportée plusieurs fois par le tribunal, l’affaire devrait finalement être jugée en septembre prochain, six ans après les faits !
Et voilà comment, par un (mal)heureux hasard, l’arroseur se retrouve bien arrosé…