Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Dunant-Moynier, les deux facettes du génie genevois

dunant moynier.pngMerci à Roger Durand, François Bugnion et à toute l'équipe de l'Association Dunant-Moynier de me donner l'occasion de vous adresser quelques mots à l'occasion de cette journée importante pour tous les membres et amis du mouvement Croix-Rouge qu'est le 8 mai, journée internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. En ma double qualité de président du Grand Conseil de la République et canton de Genève et de président de la Croix-Rouge genevoise, j'en suis doublement heureux.

Il y a tout d'abord le plaisir de nous retrouver ici, dans cette salle de l'Alabama, qui a vu naître  notre mouvement. D'habitude, j'y siège tous les mercredis après-midi, lorsque la commission des finances du Grand Conseil y tient ses séances. Mais la force de l'habitude et la vivacité des débats qui caractérisent la vie politique genevoise nous font parfois oublier l'importance historique du lieu, qui est à la fois à le berceau de la Croix-Rouge, du droit humanitaire et de la Genève internationale, puisque c'est ici qu'a été signée la première Convention de Genève et qu'a été institué le Comité international de la Croix-Rouge. Et que c'est aussi dans cette salle qu'a siégé le tribunal arbitral qui a réglé le litige entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne à propos du navire corsaire Alabama armé par les Sudistes durant la Guerre de Sécession. C'est donc toujours émouvant de siéger dans la salle que Dunant et Moynier ont fréquentées et dans les murs qui ont abrité les débats des pères fondateurs du droit international humanitaire et de ce qui n'allait pas tarder à devenir la Genève internationale qu'on connaît aujourd'hui.

Et il y a surtout le plaisir de commémorer le souvenir de deux hommes singuliers, aux caractères opposés, partenaires puis adversaires résolus, que la mort a finalement réunis en les appelant tous les deux durant l'année 1910, et qui incarnent à eux deux ce que j'appellerai le génie genevois.

Le premier, Henry Dunant, qui est celui des deux que l'histoire a privilégié en retenant son nom, est le créatif, l'homme d'idée et de projet, l'idéaliste qui conçoit et qui a le culot de faire rayonner ses idées partout à la ronde, d'importuner les chancelleries et d'ouvrir les portes les plus fermées. C'est aussi l'homme sensible à la souffrance des autres, soucieux de son prochain, émotif qui sait faire partager ses émotions et vibrer les âmes.

Le second, Gustave Moynier, incarne le versant rationnel, réaliste, celui qui sait qu'une idée, aussi grande et généreuse fût-elle, ne peut jamais être mise en œuvre intégralement et qu'il faut donc faire des concessions, bâtir des compromis, trouver des solutions pragmatiques si on veut lui donner ses chances de se concrétiser et de s'enraciner dans le sol dur et ingrat des réalités humaines. C'est l'organisateur de talent qui sait faire travailler les gens ensemble, rassembler les énergies pour qu'elles produisent et mobiliser les ressources nécessaires pour leur assurer un développement durable.

Entre de tels esprits, c'est certain, les étincelles ne pouvaient que jaillir. Mais ils incarnent à eux deux ce que Genève peut produire de mieux : la créativité et le sens pratique, la compassion et le talent d'organisation, le cœur et la raison. Quand notre petite République arrive à conjuguer ces deux forces, elle fait soudain des progrès prodigieux et imprime sa marque dans la grande Histoire. C'est ce que Dunant et Moynier ont réussi à faire il y aura bientôt 150 ans. Puissent les Genevois d'aujourd'hui s'inspirer longtemps de leur exemple.

Encore, une fois, merci aux organisateurs d'avoir su les mettre ensemble pour montrer la voie à suivre.

Guy Mettan

Président du Grand Conseil

et président de la Croix-Rouge genevoise

 

Les commentaires sont fermés.