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L’immigration, problème mondial No 1

Sous l’influence des économistes et des banquiers, l’establishment planétaire garde les yeux braqués sur les indices boursiers : reprise en V, W ou L, telle est la grande question du moment. Loin de moi l’idée de nier l’importance de l’économie et la nécessité d’une reprise durable. Pourtant, le problème numéro Un, celui qui hante les esprits depuis vingt ans sans qu’on ne lui accorde jamais l’attention qu’il mérite est ailleurs: c’est celui de l’immigration.

En août dernier au forum Ringier de Locarno, l’ancien commissaire européen Jacques Barrot l’a rappelé. Et les polémiques qui agitent ces-jours ci la France autour du renvoi des Roms et des criminels naturalisés, la Belgique et son éclatement annoncé, l’Allemagne avec le pamphlet de Thilo Sarazin contre les quatre millions de musulmans immigrés qui refuseraient de s’intégrer, les Etats-Unis avec l’installation d’une mosquée à Ground Zero et le blocage d’une loi anti-immigrés par Barack Obama en Arizona, sont autant de symptômes d’un mal endémique qui peut à tout moment éclater en pandémie grave.

Non la mondialisation n’est pas qu’un long fleuve tranquille générant dynamisme économique et prospérité, oui elle provoque de gros dégâts collatéraux: elle accélère les flux migratoires, elle exacerbe les tensions ethniques entre régions d’un même pays, elle exaspère les populations autochtones fragilisées, elle aggrave le fossé entre les hyper-riches et les plus pauvres, elle accroît partout l’insécurité et le sentiment que les gens sont abandonnés à eux-mêmes.

Dans les démocraties occidentales, le malheur veut que les partis traditionnels, prisonniers de leur fonds humaniste ou de leur irénisme idéologique, hésitent, tergiversent, se posent mille et une questions pour traiter le problème. Dès qu’ils font mine de prendre des mesures, une armée de défenseurs de droits de l’homme et de bienpensants de toute nature crie au scandale. Et tous font dès lors le lit des mouvements populistes, qui s’engouffrent dans la brèche et qui ont d’autant moins de scrupules à faire de la surenchère qu’ils n’ont pas de responsabilités effectives à exercer.

Il y a donc péril en la demeure. Certes, pour l’instant, le phénomène reste maîtrisé et, sur le plan politique, plus ou moins limité à 15-20% de l’électorat. Mais c’est maintenant qu’il faut agir, en fixant des normes, des limites, et en prenant l’initiative de lancer le débat sur l’intégration. L’Union européenne doit impérativement se saisir d’une politique en matière d’immigration et d’intégration. Et la Suisse, naturellement, doit suivre le mouvement. Sinon, les tensions iront s’aggravant au risque d’engendrer des solutions radicales et, cette fois-ci, parfaitement inacceptables du point de vue des droits de l’homme.

Et il y a urgence d’agir vite, avant que la prochaine crise économique – qu’on espère la plus lointaine possible – vienne jeter de l’huile sur un feu qui ne demande qu’à s’étendre.

Guy Mettan, directeur exécutif du Club suisse de la presse

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