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C’est la faute aux Français !

Depuis l’Escalade au moins, il est de bon ton d’accuser les Français de tous les maux genevois. Mais depuis quelques temps, le niveau d’aigreur des Genevois (de certains, pas de tous, heureusement !) a pris l’ascenseur. Les Français donc ne voudraient pas payer leur part du CEVA, ils ne voudraient pas construire de parkings P+R pour éviter d’envahir Genève avec leurs voitures, ils sont incapables de s’entendre entre eux, leur mille-feuille institutionnel est totalement inadapté à notre belle organisation fédérale, ils ne respectent pas les règles de la circulation et se comportent mal sur nos routes, ils exportent leur criminels et leur racaille dans les Rues Basses et bientôt dans la gare de Champel… Bref, j’en passe et des meilleures.
Les Français, je n’en disconviens pas, ne sont pas des saints et sont incontestablement bourrés de défauts. Tandis que les Genevois, eux, c’est bien connu, n’ont que des qualités et leur canton est la Huitième Merveille du monde. Toutefois, sous l’influence de 35 années d’un calvinisme pesant qui a fini par dompter ce qui me restait de mon éducation catholique, je me hasarde à tenter d’appliquer la recommandation biblique qui consiste à examiner si la paille qui est dans l’œil des Français ne cacherait pas la poutre qui est dans celui des Genevois.
Car est-ce vraiment la faute des Français si Genève est incapable de construire des logements en nombre suffisant pour ses travailleurs ?

Est-ce la faute des Français si Genève est incapable de construire une traversée du lac pour désengorger le trafic au centre-ville ? Si elle a démoli ses trams dans les années 1960 pour les reconstruire à grands frais cinquante ans plus tard ? Si Genève accueille 1000 multinationales et est incapable de fournir la main d’œuvre locale pour répondre à la demande d’emplois ? Si ses entrepreneurs de la construction et de la restauration emploient de la main d’oeuvre extérieure à bon marché pour faire pression sur les salaires et se garantir des marges confortables ? Si nos hôpitaux et nos écoles sont incapables de former en nombre suffisant des infirmières suisses et importent chaque jour 3500 infirmières frontalières pour soigner nos malades ? Si nos douanes et notre police sont incapables de recruter assez de douaniers et de policiers pour faire face à la criminalité ? Si nos entreprises et nos établissements publics recrutent à grands frais des hauts cadres et du petit personnel au fond des Flandres, de la Picardie ou de l’Ile Maurice avant de découvrir, tout surpris croix de bois croix de fer, que c’est décidément trop et qu’il convient de privilégier les résidents locaux ? Si notre aéroport international, fierté de nos édiles, est pratiquement inatteignable pour les Savoyards qui veulent aller à Paris et les Anglais qui veulent aller skier à Chamonix ? Si nos lois et notre ordre juridique empêchent de construire en permettant la multiplication des recours ? Si la Ville, nos communes et le canton se livrent à une guerre de harcèlement continuelle en se démolissant les uns les autres ? Si nous refusons de sacrifier notre zone agricole, nos forêts, notre zone de villas, notre qualité de la vie en rejetant les nuisances et les coûts (d’écoles, d’équipements, de santé, etc.) de l’autre côté de la frontière en accordant une aumône de 3% sur les salaires alors que nous en gardons 25 pour nos propres dépenses ?
On pourrait continuer, mais par charité je limite provisoirement ma liste à ces quelques questions.
Chères lectrices, chers lecteurs, je sais qu’il existe de nombreuses personnes parmi vous pour répondre honnêtement à ces questions et reconnaître que les Genevois, aussi géniaux soient-ils, ne sont peut-être pas vierges de tous défauts dans la gestion de la région. Mais en attendant, je ne me fais pas d’illusion et je sais que ces propos, dès qu’ils seront sur internet, seront accueillis par des tombereaux d’injures. Certains m’accuseront même de trahir la patrie. C’est sans importance car si nous voulons résoudre nos problèmes il faudra bien, un jour, accepter de les poser sur la table tels qu’il sont et non tels qu’on aimerait qu’ils soient.
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