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Doubles standards et grandes hypocrisies

Depuis des décennies, les pays du Sud et d’Asie et de nombreuses ONG se plaignent de la manière dont l’Occident applique ses catégories morales au reste du monde et dénoncent le double standard qui prévaut en matière d’éthique globale et de relations internationales.
Le double standard consiste à appliquer les règles et le droit international de façon différenciée en fonction de ses intérêts matériels. Depuis que l’humanité est sortie de sa caverne, la morale et les intérêts n’ont jamais fait bon ménage dans les relations entre groupes humains concurrents. Mais ce qu’on reproche à l’Occident ce n’est pas d’avoir des intérêts – tout le monde en a – mais de se gargariser de ses valeurs morales et de ses principes universels incarnés dans la Déclaration des Droits de l’Homme et la pratique de la démocratie, pour mieux masquer la politique d’intérêts qui est la sienne.
Les exemples de double standard pullulent, le plus actuel étant sans doute celui de la Syrie et de l’Arabie saoudite. On ne cesse – avec raison évidemment ! – de flétrir, blâmer, anathématiser le régime de Bachar el-Assad au nom des grands principes universels des droits de l’Homme et de la démocratie. Editorialistes et politiciens ne trouvent pas de mots assez durs pour vitupérer l’infâme. Fort bien. Mais pourquoi alors ne pas piper mot et se prosterner benoitement devant le régime saoudien qui fait moins bien en matière de droits de la femme, et se taire devant celui de Bahrein qui torture et assassine ses opposants depuis quinze mois dans un silence médiatique et politique assourdissant ? On connaît la réponse : ils sont dans le bon camp puisqu’ils nous vendent leur pétrole. Et pourtant d’un côté, on n’a qu’une dictature, de nature politique, tandis que de l’autre on a une double tyrannie, à la fois politique et religieuse !

On peut continuer, la liste est infinie : on se soucie fort du sort de l’ancienne première ministre Iulia Timochenko qui a dépouillé son pays sans vergogne pendant qu’elle était au pouvoir, chaque parole ou geste d’une Pussy Riot embastillée par Poutine fait l’objet d’une pieuse attention, mais quand on assassine, viole et torture des millions de femmes dans l’est du Congo pour mieux de s’emparer de ses matières premières, un silence poli prévaut.
Idem pour l’Iran, durement sanctionné parce qu’il veut acquérir la bombe alors que les Perses n’ont jamais attaqué leurs voisins depuis Darius, alors qu’on n’a jamais protesté quand Israël l’a acquise bien qu’il ait envahi le Liban et Gaza et occupé la Cisjordanie, le Sinaï et le Golan en moins de quarante ans !
Ce qui pose problème, ce n’est pas nos choix. On a le droit de préférer Israël à l’Iran et l’Arabie saoudite à la Syrie. C’est mon cas en l’occurrence. En matière de morale et de comportement politique, je privilégierai toujours l’approche pragmatique, qui, à défaut d’être très noble, épargne les crimes et les massacres commis au nom des grands principes.
Mais si l’on choisit la voie du pragmatisme, qui essaie de concilier morale et intérêt, alors il conviendrait d’avoir la décence de mettre en sourdine la défense de la vertu. Chercher à se procurer des avantages matériels au meilleur prix n’est pas indigne. Mais tant qu’à pratiquer le double standard, évitons au moins d’être hypocrites !
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