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Redécouvrir le Maroc

A l’occasion des 20 ans du Club suisse de la presse, Royal Air Maroc et l’Office marocain du tourisme ont invité une dizaine de journalistes suisses à une petite escapade de trois jours au Maroc. Le Maroc souhaite en effet s’ouvrir au tourisme suisse et allemand. Après tout, Casablanca n’est qu’à deux heures et demie de Genève et vaut largement les côtes encombrées de Marbella, les Canaries ou les Baléares.
J’avais hésité à y aller mais je ne l’ai pas regretté. Je dois avouer que cette redécouverte d’un pays négligé depuis vingt ans fut une heureuse surprise. D’abord, on n’y est pas assailli par des hordes de touristes en goguette qui débarquent par cars entiers pour assaillir plages ou villes. Ça fait du bien.
Mais ce qui fait le plus plaisir, c’est de constater que le rouleau compresseur de la mondialisation n’a pas encore saccagé les paysages et les esprits. Si les infrastructures, aéroport, autoroutes, hôtels se sont développés, les paysages sont restés préservés : pas de banlieues interminables envahies par les supermarchés et les panneaux publicitaires, pas de villas ni d’usines qui mitent le territoire n’importe comment, mais des villes et des quartiers industriels qui restent concentrés. On respire !
Miracle, les quartiers populaires sont restés populaires, dans le bon sens du terme, et l’artisanat de qualité est toujours une valeur sûre. Alors que le Vietnam a perdu ses magnifiques artisans depuis qu’il s’est laissé submerger par la camelote chinoise, le Maroc a su conserver ses ferronniers, ses potiers, ses bijoutiers, ses tanneurs, ses menuisiers et ses sculpteurs de stucs. Fès n’a finalement pas beaucoup changé depuis trente ans. Elle s’est même embellie. Quelle capitale historique peut en dire autant ?

Quant à l’islam, il est présent bien sûr, mais pas omniprésent, ni pesant. Au contraire, il s’inscrit dans le paysage, la gastronomie, la mode et l’habillement avec naturel, sans qu’on doive, comme Occidental d’origine chrétienne, se sentir contraint d’en faire trop ou culpabilisé de n’en pas faire assez. Dans ces conditions, visiter une mosquée ou une médersa relève du même plaisir esthétique que la visite d’une église romane : un exercice de culture apaisant. A l’heure où l’on ne sait plus quelle attitude prendre face à l’islam, c’est bienvenu.
Un pays à l’aise avec ses traditions, mais qui ne s’empêche pas certaines audaces culturelles. Le mausolée Mohammed V est une réussite, avec son modernisme qui s’inscrit bien dans l’histoire architecturale ancienne. Rabat rénove aussi ses musées. Le musée d’art moderne, la villa des arts comme le musée d’archéologie, qui vient de rouvrir, sont des petits bijoux à taille humaine. Le Musée d’art moderne, ouvert en 2014, inaugure ces jours-ci une grande rétrospective Picasso, qui fait suite à un vaste festival consacré à « L’Afrique en capitale » et aux arts africains.
Deux artistes contemporains, le franco-tunisien Wahib Chehada, qui réexamine les grands mythes avec ses compositions photographiques, et le le métis congolo-français Kouka Ntadi, qui réhabilite l’art de rue avec ses portraits de guerriers bantous, exposés dans l’ancien garage du musée, laissent une forte empreinte, à mille lieues des installations et des discours vides de sens de certains artistes occidentaux pourtant si prisés des biennales d’art contemporain du continent.
Une visite qui fait du bien, vous dis-je, et qui vous réconcilie avec vous-même en vous offrant ce que la tradition islamique offre de meilleur.

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