Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les cent ans du nouvel ordre international

Voici donc 100 ans tout juste que le président américain Woodrow Wilson annonçait, dans son discours au Sénat du 8 janvier 1918, ses fameux « 14 points » destinés à tracer les grandes lignes de la paix à négocier l’issue de la Première Guerre mondiale.
Le programme était indiscutablement novateur et ambitieux. Les cinq premiers points définissent les conditions générales de la paix: fin de la diplomatie secrète, liberté des mers, libre-échange, limitation des armements et droit des peuples (en particulier colonisés) à disposer d’eux-mêmes.
Les points suivants concernent le règlement du conflit: rétablissement de l’intégrité territoriale française et belge, droit de la Russie communiste à s’organiser comme elle veut sur son territoire et de la Serbie à disposer d’un accès à la mer (fort oubliés aujourd’hui...), création d’une Pologne libre et indépendante, souveraineté des anciens territoires de l’empire ottoman.
Le 14e point est le plus important pour Genève puisqu’il sera à l’origine du destin de notre ville comme capitale internationale: « une association générale des nations doit être constituée... afin d’offrir des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégrité territoriale aux petits comme aux grands Etats ».
Comme, on le sait, ces points furent diversement accueillis, très partiellement respectés par les différents traités signés après la fin des hostilités et fortement compromis par le retour à l’isolationnisme des Etats-Unis et leur refus d’adhérer à la SDN. Mais reste que le Traité de Versailles institua la Société des Nations, avec siège à Genève, et bannit la diplomatie secrète déjà mise à mal par Lénine fin 1917 lorsqu’il publia les accords secrets des Alliés contre l’Allemagne.
Côté face, il faut donc rendre hommage à Woodrow Wilson pour ces avancées, et notamment pour celles qui sont à l’origine d’une diplomatie multilatérale plus transparente, d’un système de sécurité collectif (l’ONU aujourd’hui) certes très bureaucratique mais incontournable et somme toute efficace dans la durée, et de l’émergence d’une communauté internationale qui, avec ses innombrables organisations internationales gouvernementales et non-gouvernementales, est très active malgré tous ses défauts.

Côté pile, car il y en a toujours un, il faut convenir que « l’idéalisme » wilsonien n’était pas dénué d’arrière-pensées très concrètes: les 14 points étaient une façon de marginaliser les puissances européennes en les encapsulant dans un organisme supranational plus facile à contrôler et d’imposer une liberté des échanges et des mers très profitable à l’industrie américaine enrichie par la guerre. Ce fut aussi le début de l’interventionnisme et de la projection de la puissance américaine aux quatre coins de la planète au nom des grandes valeurs. Et enfin, ce fut aussi le début de la politique de poursuite de la guerre par d’autres moyens moins brutaux, à savoir par le soft power, grâce au savoir-faire acquis lors des opérations de « bourrage de crâne » mises au point par les belligérants afin de mobilier leurs opinions publiques pendant le conflit.
Des effets des 14 points de Wilson, des positifs comme des moins positifs, notre monde, et Genève en particulier, en profitent aujourd’hui. Dans ce sens, il est plus que mérité de les rappeler et de rendre hommage à leur auteur.

Les commentaires sont fermés.