L’obsession du complotisme et ses ravages
sur les prétendus ravages du complotisme en France, obligeamment commenté par de nombreux médias. Les vestales de la bienpensance se sont immédiatement alarmées : 79 % des Français croient au moins à une théorie du complot, 50% croient que le ministère de la santé est de mèche avec les pharmas pour vendre des vaccins nocifs, plus d’un cinquième doute de la version officielle de l’attentat contre Charlie Hebdo, un dixième pense que la terre est plate et que les Américains n’ont pas débarqué sur la Lune, etc.
Autre résultat troublant, mais que peu ont jugé digne de rapporter : seul un Français sur quatre estime que les médias restituent correctement l’information et sont capables de se corriger quand ils ont commis une erreur !
Et pourtant, n’est-ce pas dans cette effrayante perte de crédibilité des médias qu’il faut trouver la cause du succès des thèses complotistes ? Si les trois quarts des gens ne croient plus les médias qui sont censés les informer avec honnêteté, le problème n’est-il pas plutôt du côté des médias que du côté du public ? Et comment s’étonner que, dans ces conditions, la presse et l’audiovisuel ne cessent de perdre de l’audience et que les réseaux sociaux ne cessent d’en gagner, aussi farfelus soient-il ? Osons aller jusqu’au bout du raisonnement : notre société n’est-elle pas davantage menacée par les pourfendeurs du complotisme que par les supposés complotistes eux-mêmes ?
Rappelez-vous la stupéfaction qui avait saisi les journalistes après le succès du Brexit et la victoire inattendue de Trump. Personne ne les avait anticipés, ou presque, tant la grille de lecture anti-Brexit et anti-Trump avait aveuglé les médias mainstream. Et que dire des bobards qu’on a racontés pendant sept ans sur la guerre de Syrie et ses « gentils islamistes » qui luttaient vaillamment contre le « boucher de Damas » dont on annonçait la fin tous les quinze jours ? A-t-on tiré la leçon de ces échecs journalistiques ? En aucun cas. La contrition journalistique a duré dix jours et on vite reparti comme avant, en pire.