Pourquoi je quitte le PDC
Je prends acte de la décision de l'assemblée des délégués du PDC qui a eu lieu jeudi soir 4 avril et tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui m'ont soutenu et au cours des 21 longues années d'engagement dans le parti. Je souhaite également plein succès aux candidats/es qui ont été sélectionnés ce soir.
Je déplore cependant la méthode peu démocratique qui a été choisie pour empêcher tout débat sur les grandes orientations du parti et le choix des candidats. Je constate aussi avec regret que le PDC Genève ne juge plus mes compétences et mes services utiles à sa cause. C'est pourquoi je ressens la nécessité de prendre du recul et de poursuivre mon engagement politique sous une autre forme. J'ai donc pris la décision de démissionner du PDC avec effet immédiat et d'entamer une nouvelle carrière de "politicien aux pieds nus", en qualité de député indépendant, sans étiquette, libre de toute attache. Je souhaite continuer à participer au débat politique local et national en prenant une part plus active dans les grands débats de société et sur les grands enjeux de notre temps (notamment en matière d'environnement), à travers mon blog, des libres opinions, des prises de position et des initiatives parlementaires.
Chères déléguées,
Chers délégués,
Je suis bien conscient que c'est mission impossible, en ma qualité d'outsider, que d'essayer de vous convaincre en deux minutes de m'élire comme candidat du parti aux prochaines élections nationales.
Pourquoi persister à être candidat dans des conditions aussi pénibles?
Pour quatre raisons.
Tout d'abord, je n'avais jamais pensé me présenter à vous dans cette situation désagréable quand l'appel à candidatures a été fait à la demande de l'assemblée des délégués de décembre dernier. J'ai naïvement cru que la commission électorale allait remplir le mandat qui lui avait été demandé, à savoir examiner et proposer les candidatures reçues afin que vous puissiez choisir les 6 candidats prévus sur une liste paritaire hommes-femmes. Quand j'ai déposé ma candidature, il était impossible de savoir que la Commission électorale et la présidence allaient imposer une liste fermée à six, concoctée par elles seules, et mettre de côté les candidatures qu'elles estimaient surnuméraires comme la mienne et celle de Jacques Blondin.
J'ai aussi envie de défendre à Berne des dossiers qui me tiennent à cœur et qui ne sont pas représentés par la liste fermée retenue. A savoir la Genève internationale (plus de 3000 événements organisés dans ce cadre et des centaines d'articles publiés), le Grand Genève et les Genevois de l'extérieur, pour lesquels je me suis beaucoup mobilisé, une certaine idée de l'Europe, à propos de laquelle je vais publier un livre qui sortira dans quelques jours.
Je veux aussi défendre une vision PDC de l'environnement. Protéger l'environnement, prévenir l'effondrement de la biodiversité biologique, lutter contre le réchauffement climatique, promouvoir une agriculture saine et durable ne consiste pas à mes yeux à courir derrière les Verts pour savoir qui aura déposé en premier telle ou telle motion afin de passer à Léman Bleu. Cela implique de développer une conception construite, intégrée, et une vision propre, démocrate-chrétienne, de notre politique environnementale. Notre devoir consiste à élaborer cette politique en concertation avec nos agriculteurs et nos entrepreneurs, il faut travailler avec eux et non contre eux ou sans eux. Il s'agit de les convaincre, et de convaincre les gens du centre- droit en général, que la sauvegarde de l'environnement et du climat sont des enjeux capitaux. Si nous réussissons cela, nous aurons fait faire un grand pas en avant à notre parti et à la cause environnementale en général.
Je veux aussi défendre une liste de candidates et de candidats qui soit diversifiée (et non réduite à 3 communes sur 45) et représentative de notre parti. Le renouveau proclamé ce soir n'est pas qu'une affaire d'âge et de nouveaux visages. On sait bien que la nature fabrique du neuf avec du vieux, recycle en permanence. Pour nous qui prétendons être le parti de la famille, nous savons bien que qu'il n'y a pas d'enfants sans parents, ni de jeunes sans ainés. Voyez ce que la catastrophe qui se passe en France avec le tabula rasa qu'a voulu imposer Emmanuel Macron! Au nom de quoi faudrait-il absolument n'avoir que des candidats jamais vus auparavant sur notre liste électorale?
Enfin, je pense que dans un pays libre et démocratique, toute élection doit être libre et démocratique, y compris au sein de notre parti. Et surtout quand le nom du parti, démocrate-chrétien, incarne cet idéal de démocratie. Or j'estime qu'il n'est pas démocratique de devoir venir me présenter devant vous comme un vilain canard. Il n'est pas démocratique de présenter à vos suffrages des candidatures de façon si biaisée. Ces pratiques me sembles relever d'autres tems et d'autres régimes. Tous les autres partis, et notamment nos concurrents du PLR et nos adversaires du Parti socialiste ont laissé le choix d'élire les candidats à leur assemblée. Comment peut-on se présenter au suffrage universel des citoyennes et citoyens de notre canton si l'on a peur d'affronter le suffrage de son propre parti?
C'est la question que je pose ce soir et c'est l'une des raisons pour lesquelles je vous prie de bien vouloir soutenir ma candidature ce soir.
Merci de votre attention et de votre soutien