Nuit à la belle étoile sous le Mont Rogneux
14e étape - Col de Mille-Mont Rogneux-Sentier des Lacs-Alpage de Sery-Cabane Brunet – Samedi 17 août 2019
Même temps qu’hier, soleil légèrement voilé donc pas trop dur, fond de l’air frais mais pas glacé, bonne visibilité sur tous les sommets, la journée s’annonce parfaite et elle le sera.
Départ vers 8h15 pour attaquer la montée du Mont Rogneux sur la crête de Mille. Ca grimpe plutôt sec avec des passages extrêmement raides à travers des éboulis de grands rochers, sous le sommet, qui est en vue après une heure trente de route.
Il culmine à 3084 mètres, et c’est mon premier 3000 depuis le commencement de mon vagabondage valaisan. Vue imprenable sur le Petit et le Grand Combin, le massif du Saint-Bernard, et celui du Mont-Blanc, qui pointe son nez derrière les sommets du Val Ferret. Plus loin, les Dents du Midi ferment la vallée sur le lac Léman, face aux Dents de Morcles puis au Massif des Diablerets avec Tzanfleuron. Si on continue la vue panoramique à 360 degrés, Verbier apparaît au premier plan avec le Mont-Fort puis le glacier du Giétroz et le Pigne d’Arolla.
Le chemin de descente suit la crête, aussi raide et malaisé que le sentier de montée. Puis on descend dans les éboulis en sautillant de rocher en rocher en évitant de se tordre un pied ou de se casser une jambe entre deux rochers... Les panneaux indiquent qu’on se trouve sur le sentier des lacs, et il y en effet plusieurs, couleur jade, noirs ou bleus, lovés au milieu des moraines.
500 mètres plus bas, le premier lac est en vue. Je m’y lance... et ressort aussitôt comme un diable de sa boîte. Il est simplement glacial ! A 2600 mètres d’altitude, on est loin des plages grecques! Le suivant, la gouille du Rogneux, est beaucoup plus grand. Une grande pierre plate offre un havre idéal et je m’y plonge avec le même entrain, pour quelques brasses, suscitant la curiosité des autres randonneurs, qui hésitent, se tâtent et renoncent. Ah s’ils savaient comme on se sent bien après.
Un peu plus bas, la petite gouille des Reunes offre en revanche une eau plus chaude. Elle regorge de têtards, de grenouilles et, si l’on reste à l’affût sans bouger, de petits tritons noirs.
Une heure plus tard, après une belle descente dans les alpages du Petit-Combin, la cabane Brunet amorce le retour à a civilisation avec son parking à voitures et sa terrasse pleine à craquer. Verbier est juste en face et cela se remarque par le profil des hôtes et par l’affluence…
Pas d’électricité, pas de lumière, personne à qui parler, les loisirs nocturnes sont réduits en pleine nature, sans compter qu’il faut économiser les piles du smartphone. A 21h, avec la tombée de la nuit, j’essaie donc de me mettre en mode sommeil. Laborieusement. Le sol est dur malgré le tapis de caoutchouc et le fond de l’air est frais malgré le sac de couchage. Compter les étoiles entre les nuages ou les lumières de Verbier, juste en contrebas, ne suffisent pas à endormir le citadin habitué aux lits douillets et vite inquiété par les bruits, frottements, chuintements et sifflements de la nuit en montagne...