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Pause petite arvine devant le Glacier de Corbassière

15e étape - Écuries de Sery-Col des Avouillons-Passerelle et cabane de Panossière-Col des Ottans- Mauvoisin - 18 août 2019

On se fait à tout et finalement les heures de cette nuit à la belle étoile sont passées plutôt vite. La récompense vient à l’aube avec un magnifique coucher de lune et une aurore resplendissante. On a tort d’honorer les beautés et les promesses du matin. Elles vous font vite oublier les aléas de la nuit et entrer dans la journée avec une énergie formidable.
Après les exercices d’assouplissement habituels, quelques ablutions dans la fontaine et une agape frugale, vers 7h30, je me sens prêt à attaquer une nouvelle journée de marche. Je me dirige vers le fond du vallon, sous les glaciers du Petit-Combin, avant d’entamer la montée plutôt douce du Col des Avouillons, qui dévoile une superbe vue sur le très beau glacier de Corbassière. Il est 9 heures et nous ne sommes que trois à l’arrivée. Mais très vite la foule des randonneurs se fait plus dense et le col devient très encombré. En redescendant vers le glacier, je noue la conversation avec deux randonneurs de la région, un jeune Bagnard et un vétéran de la Fête des Vignerons, cycliste et ancien marchand de vin. Tous deux connaissent bien les lieux. On échange quelques impressions et on se donne rendez-vous une heure plus tard à la Cabane de Panossière, de l’autre côté du glacier.
Depuis 2014, une belle passerelle haubanée construite avec le concours de Toni El Suizo, Toni Rütimann, le fameux constructeur de ponts suspendus en Asie et en Amérique latine, permet de traverser en évitant les crevasses et l’escalade des hautes et friables moraines. On enjambe donc un torrent bouillonnant à 70 mètres de hauteur sur 200 mètres de longueur. L’ouvrage a incontestablement belle allure.
La cabane de Panossière, rebaptisée FX Bagnoud depuis sa reconstruction suite à la destruction de l’ancienne par une avalanche en 1988, offre aussi un design avant-gardiste avec sa forme de cube biseauté. Mais elle s’intègre très bien dans le paysage. La terrasse jouit d’une vue imprenable sur le grand coude du glacier et les imposants séracs du Grand-Combin : la majesté des Alpes dans toute sa splendeur !
Mes deux compagnons du jour connaissent le patron, un Martignerain volubile, qui, très content de sa journée d’hier, est d’excellente humeur et ne tarde pas à nous offrir une bouteille de son excellente petite arvine. La conversation roule sur la Fête des Vignerons et les aléas de la presse, ce qui donne assez soif pour une seconde bouteille.

Les fragrances de l’arvine et l’ivresse des sommets dopent les plus paresseux des voyageurs et, vers midi, chacun se sent prêt à repartir. Mes deux camarades redescendent et pour ma part, j’attaque la montée, raidissime, du col des Ottanes en direction du barrage de Mauvoisin. Le soleil tape fort à cause de la réverbération de la glace si bien que je me laisse rejoindre juste avant le sommet par quatre jeunes Vaudoises venues faire découvrir « les beautés de la Suisse » comme elles disent, à leurs amies françaises. On ne saurait trop les encourager dans cette voie!
Tout en haut, le paysage devient minéral et le col prend des airs martiens avec ses coulées de rochers de tuf ocre qui alternent avec des laves noires. Comme souvent, la descente s’avère très longue et pénible, à travers les pierriers, les petits névés, des éboulis de rochers de toutes tailles et de toutes formes, et des alpages entrecoupés de vernes. Le barrage de Mauvoisin, visible de très haut, est à mille mètres de dénivelé et semble fuir au fur et à mesure qu’on s’en approche. Finalement, après deux heures de souffrance, la terrasse du café offre ses chaises et sa bière fraîche au randonneur épuisé.
On annonce quelques jours de mauvais temps et j’ai décidé de redescendre en plaine avec le car postal du soir. Coup de chance, deux jeunes gens de mon village, venus cueillir du génépi sur les moraines du glacier d’Otemma, au fond du lac, me repèrent et proposent de me ramener à la maison vite fait bien fait. La pluie peut tomber sans regret.

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