Quand les historiens du prochain siècle écriront l’histoire du XXIe siècle au temps du Covid-19, ils seront sans doute atterrés par la facilité avec laquelle notre génération aura cédé à la tentation totalitaire et renoncé à ses idéaux de liberté au profit d’une illusoire sécurité.
Les plus grands dissidents soviétiques, Alexandre Soljenitsyne et Alexandre Zinoviev, qui avaient passé leur vie à dénoncer le totalitarisme communiste, avaient déjà essayé d’attirer notre attention. Une fois passés à l’Ouest, ils avaient été épouvantés par notre tendance à céder aux séductions d’un totalitarisme aussi doux, libéral, avenant, bienveillant qu’insidieux. Ils ont tous deux écrit plusieurs livres à ce sujet, publiés à L’Age d’Homme à Lausanne dans les années 1990. Ils n’ont pas été entendus. Trop iconoclastes, trop contraires aux idées reçues, des discours de radoteurs fatigués d’avoir trop combattu l’ennemi communiste.
Et pourtant, si on se donne la peine de les relire, on constaterait qu’ils anticipent parfaitement le dangereux et apparemment irrésistible basculement de nos sociétés « démocratiques » vers une forme de totalitarisme qui a rompu avec les méthodes hystériques, vociférantes et violentes des fascismes et du communisme pour adopter le langage à la fois alarmant et maternant, anxiogène et sécurisant, cacophonique et très orienté des experts et des politiques ravis du pouvoir qu’on leur a donné sans même qu’ils aient eu à le prendre.
Nous avons simplement troqué Big Brother contre Big Sister.
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