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La liquidation de la Génération 68

La multiplication des scandales de mœurs liés à la Génération 1968 depuis quelques années est très révélatrice de notre époque. Elle en dit long sur les changements démographiques, moraux et sociétaux en cours dans le petit monde euro-américain.

La médiatisation de ces affaires - Strauss-Kahn en 2011, Epstein et vagues MeToo et Balancetonporc en 2017/2018, Matzneff et Rochebin/RTS l’an dernier puis Olivier Duhamel au début de cette année -  révèle le fossé béant qui sépare désormais la génération des babyboomers soixante-huitards de la génération montante des millenials formatés aux luttes antisexistes, antiracistes, antidiscriminatoires et climatiques des années 1990-2000.

Il est loin le temps où il fallait « jouir sans entrave » et « faire ce qui nous plaisait en mai ». Les slogans d’hier et les comportements qu’ils induisaient chez les plus enthousiastes, ou les plus extrémistes, seraient passibles des tribunaux aujourd’hui. Je me garde personnellement de juger les comportements sexuels du passé avec les critères moraux du présent même si j’ai toujours été très réservé sur le devoir de jouir à n’importe quel prix professé par certains.

 

Mais pour la génération de 68, qui s’était emparée du pouvoir à la faveur de la révolution des mœurs et du droit au bonheur immédiat qu’elle avait imposés, la pilule est amère. Par une ironie de l’histoire dure à avaler, elle se voit contrainte de quitter la scène par la petite porte, alors qu’elle s’était habituée à en occuper les devants jusqu’à un âge avancé. Et d’assister, impuissante, à la liquidation sans ménagement de son héritage libertaire.

Elle est victime du même dégagisme que celui qu’elle avait prescrit à la génération précédente, rigide et droite dans ses bottes, celle de la fin des années Trente, de la Guerre et des Trente Glorieuses, incarnée par le Général de Gaulle. Elle se retrouve maintenant sèchement mise au rencart tandis que ses derniers représentants doivent abandonner dans la honte les ultimes bastions culturels et académiques qu’ils occupaient encore.

Cela au nom de la nouvelle morale du jour, qui considère le harcèlement sexuel, la domination masculine, la pédophilie comme des crimes graves et non plus comme des comportements limites mais tolérables, comme c’était le cas dans les années 1970. Morale qui, tout en étant l’héritière directe des acquis de 1968 en matière de féminisme, de droit des minorités sexuelles et d’identité de genre, ne tolère plus le moindre écart à ses règles.

 

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