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Kaboul, la défaite de Varus et l’économi

Il y a exactement 2012 ans, en septembre de l’an 9 de notre ère, l’armée la plus puissante du monde connaissait une défaite sans précédent dans la sombre forêt de Teutobourg. Un chef germain, Arminius (Hermann dans la mythologie allemande), obscur officier formé dans les armées impériales romaines, avait « trahi » ses maitres et réussi à coaliser des tribus germaines d’habitude rivales et à détruire dans une guerre de guérilla et d’embuscades les meilleures légions du général Varus, lieutenant fidèle d’Octave Auguste, premier empereur d’un empire au sommet de sa puissance.

Le choc de la défaite fut tel que, aux yeux des historiens d’aujourd’hui, cet événement est considéré comme la plus grande défaite de l’histoire romaine et comme un « point tournant de l’histoire mondiale », Rome abandonnant l’idée de conquérir la Germanie pour se contenter de « contenir » les Barbares.

Sur le moment, l’empire fut naturellement ébranlé. Mais la tyrannie impériale était telle que personne n’osa incriminer Auguste et que les historiens romains censurèrent leur récit en insistant sur la trahison d’Arminius, les rigueurs du climat et l’incompétence de Varus. Officiellement, on déclara qu’on avait perdu une bataille mais pas la guerre. Une seconde déroute, contre les Bataves, en l’an 70, acheva de ruiner ce récit et de convaincre l’empire que mieux valait conforter son emprise sur les territoires qu’il contrôlait déjà plutôt que de risquer de tout perdre dans des aventures sans lendemain à l’extérieur.

 

Comment ne pas faire le rapprochement entre ces épisodes historiques et les défaites que l’empire américain a connues au Vietnam hier, en Irak et en Afghanistan aujourd’hui ? Bien sûr, les circonstances sont différentes, les Américains ont décidé eux-mêmes de se retirer, les technologies et les alliances ont évolué, l’empire d’Occident va rebondir, etc. Certes. Mais il arrive que les faits soient têtus et qu’un fiasco reste un fiasco, aux yeux des autres peuples en tout cas.

Quelles conclusions en tirer, notamment pour l’économie ? A Rome, le pouvoir se ressaisit rapidement. L’autocratie impériale fut renforcée au détriment de ce qui subsistait de démocratie, l’emprise de l’Etat sur l’économie et l’oligarchie impériale ainsi que sur la mobilisation des ressources furent accrues, la censure, la police (garde prétorienne), l’armée et la surveillance de masse furent réorganisées tandis que la propagande idéologique redoublait d’intensité pour légitimer le pouvoir impérial. Dans la foulée, l’empereur fut proclamé sacré et refuser de lui rendre le culte devint passible de la peine de mort, comme les premiers Chrétiens en firent la cruelle expérience.

Avec un succès certain puisque l’empire, tout en renonçant à subjuguer le reste du monde, survécut, bon an mal an, pendant 450 ans. Si ce scénario se vérifie, les grandes entreprises multinationales, la finance et les organisations comme l’Union européenne n’ont pas de souci à se faire : en échange de leur soumission pour les unes, de leur vassalisation pour les autres et d’une obole plus généreuse à la trésorerie impériale, elles pourront, sous bonne garde, continuer à faire fructifier leurs affaires.

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