Skier à Dubai, performance ou scandale?
Bref aller-retour à Dubai pour présider l’assemblée générale de l’Association internationale des Clubs de la presse (IAPC) et participer à l’Arab Media Forum, qui réunissait un bon demi-millier de professionnels des médias du Golfe et du Moyen-Orient sur le thème : développer les gens, développer les organisations. Dubai, qui veut détrôner Qatar comme capitale des émirats indépendants, vient en effet de se lancer dans une grande compétition médiatique avec Doha, illustrée par la création en 2003 de la châine TV Al Arrabyia, destinée à réduite l'influence de la qatariote Al Jazira.
Je n'y ai pas croisé Federer, qui y a installé son pied à terre, mais, comme toutes celles et tous ceux qui ont visité cette bande de sable déserte, j'ai été frappé: cette ville est devenue le symbole d'une démesure, mais ausi d'une énergie, d'un dynamisme inouïs.
Entre l'aéroport et l'hôtel, j'ai compté pas moins de 50 tours en construction. Pas d'arbres, mais une forêt de grues géantes. Une centaine de nouveaux hôetls et deux nouvelles viles entières - dont la célèbre Ville-Palmier à 30 milliards de dollars - étaient déjà sorties de terre depuis ma dernière visite il y a cinq ans.
Et tout cela sans la moindre goutte de pétrole, le génie du coin consistant à pomper les pétrodollars des pays voisins pour les investir dans des centres commerciaux, des hôtels et des centres de loisirs!
Dans un tel contexte, est-ce si surprenant de construire une piste de ski en plein désert? En bon Suisse, impossible d'ignorer cette parodie hi-tech de nos stations alpines. Logé dans une centre commercial hyper-luxieux attenant à l'Hôtel Kempinski, le long boyau de métal, de 500 mètres de long, une centaine de mètres de dénivellation et de largeur, abrite une vieux télésiège POMA des années 60 et un petit téléski à assiettes le long de la paroi. Au milieu de la piste, un Avalanche Café reçoit les skieurs. L'abonnement Ski-Data porte la curieuse mention "Bernex - Dent d'Oche" et coûte 20 francs les deux heures, équipement compris. Neige artificielle un peu lourde mais agréable. Température forcément rafraîchissante après la moiteur du désert. Bref, une expérience divertissante, genre Disneyland, à défaut d'être parfaitement écolo-correcte.
Mais ici encore, les organisateurs ont réponse à tout: la gestion de l'énergie est optimale, le tube qui abrite les installations est parfaitement isolé et le bilan écologique meilleur que celui d'une station des Alpes qui attire les visiteurs étrangers après un long voyage en avion. Le débat est donc ouvert...