La neutralité redevient tendance
Ringarde, la neutralité suisse ? Pas si sûr. Le triomphe de la mondialisation et le désir de jouer dans la cour des grands ont, pour les sociaux-démocrates internationalistes et les managers cosmopolites, relégué le concept dans l’armoire des vieilleries que Christophe Blocher se plait à ressortir une fois par an dans ses discours de l’Albisguetli.
On aurait pourtant tort de brader la neutralité, et on aurait tort de laisser à un seul parti le monopole exclusif de sa défense. Parce qu’il n’est pas sain que le débat sur l’un des fondements de l’identité et de la politique étrangère nationale soit accaparé par une seule sensibilité. Et parce que la neutralité, loin d’être cette relique que certains abhorrent, pourrait bien redevenir essentielle pour notre pays.
Voyez la dégradation de la situation internationale ces quinze derniers mois. Qui aurait pu penser, fin 2013, que les crises allaient se succéder à un rythme aussi endiablé ? En Ukraine, le renversement du gouvernement légal et la guerre civile qui en a résulté ont failli dégénérer en guerre tout court, avec une OTAN et des Russes prêts à en découdre. En Syrie, un nouveau front s’est ouvert avec les bombardements contre les rebelles islamistes de Daech. En Afghanistan, rien n’est réglé et le départ des troupes de l’OTAN est retardé. En Irak, en Libye, au Yémen, la déliquescence de l’Etat central a conduit au chaos complet.