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  • Le lancer de soulier yéménite

    Or donc les négociations de paix au Yémen ont lamentablement échoué. Trop tôt, pas assez préparés, les représentants des rebelles houthis et du gouvernement en exil soutenus par l'Arabie saoudite n'ont pu nouer le dialogue. L'événement qui a le mieux caractérisé cet échec restera le lancer de soulier d'une journaliste activiste pro-gouvernementale à la tête d'un rebelle houthi jeudi au Club suisse de la presse, devant 40 journalistes qui n'avaient rien d'autre à se mettre sous la dent. L'incident a aussitôt fait le tour des agences et des réseaux sociaux. Tapez "soulier yéménite" en anglais ou en arabe sur twitter et voyez comment on fait un buzz quasi planétaire. Le ministre yéménite des droits humains s'est décommandé, par peur d'un outrage similaire. Nous aurions préféré que chacun puisse s'exprimer dignement et que les négociations de paix aboutissent. Mais voilà, la paix ne se décrète pas, même à Genève.


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    →Cet péripétie rocambolesque aura au moins montré le parfait sang-froid des rebelles houthis. Déjà fortement stressée par un voyage de 44 heures entre Sanaa et Genève à cause des embûches saoudiennes, empêchée de participer à la réception prévue, la délégation houthie n'a pas bronché: elle a poursuivi sa conférence de presse comme si de rien n'était. Il est vrai que les chaussures sont moins dangereuses que les bombes. Mais en voilà qui ne sont pas prêts de perdre le Nord…

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  • Les vrais enjeux du grand cirque anti-FIFA

    Maintenant que les projecteurs des médias mondiaux semblent braqués sur d'autres objectifs que les collines zurichoises et que la meute des journalistes assoiffés de sang a obtenu la tête de Sepp Blatter, on peut enfin essayer de comprendre les raisons profondes de tout ce cirque.
    La lutte contre la corruption, prétexte officiel invoqué pour arrêter la poignée de dignitaires américains du foot, n'est évidement qu'un motif secondaire. Si c'était le cas, pourquoi se focaliser sur la FIFA qui n'est après tout qu'un petit comparse dans cette affaire? Et pourquoi monter une opération aussi spectaculaire à ce moment précis?
    Comme l'a bien dit Peter Bodenmann, coup monté il y a bien eu: d'habitude, on ne trouve pas de journalistes du New York Times planqués devant le Baur au Lac à 6h du matin. Et si les Suisses se réveillent tard, il n'y a pas de raison de croire que nos confrères alémaniques soient restés endormis ce jour-là. Il a donc bien fallu que la presse américaine soit informée de la descente de la police suisse. Le NYT était donc de mèche avec la justice américaine.
    Pourquoi? A mon sens, cette magistrale opération de communication répond à plusieurs objectifs. Il s'agissait d'abord d'obtenir l'effet le plus spectaculaire possible. A la veille du congrès de la FIFA, avec la présence de tous les médias mondiaux, l'attentat médiatique ne pouvait que réussir. Stupeur garantie jusqu'au fond des Iles Tonga sans dépenser un franc de comm. Deuxième objectif: faire diversion tout en ciblant la FIFA. Réfléchissons: qui est-ce qui a été arrêté? Uniquement des Américains, du nord, du centre et du sud. Et qu'a fait la presse? Elle a comme un seul homme, à la suite de la dépêche du NYT, parlé d'arrestations à la FIFA avant de se mettre à pilonner "ces pourris de la FIFA". Or la cause de ces arrestations, c'est la corruption des fédérations américaines de foot, Concacaf et autres, pas celle de la FIFA, même si ces personnes sont aussi membre de la FIFA. Si la justice américaine avait opéré aux Eaats-Unis, toute la presse aurait ciblé sur l'appartenance des victimes aux fédérations américaines et non à celle de la FIFA. Coup double pour la Justice américaine: on évite de montrer que les corrompus sont d'abord des Américains de toutes origines et on désigne à la vindicte mondiale la FIFA, ce qui du coup permet aux Etats-Unis de prendre la posture du preux chevalier blanc qui terrasse la pourriture du reste du monde. Il n'y avait qu'à lire les commentaires élogieux des médias envers l'"l'incorruptible" procureur Lynch pour s'en convaincre.

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  • Géopolitique d’un monde moins sûr

    Inventé en 1899 par le politologue suédois Rudolf Kjellen pour expliquer les rivalités impériales de la fin du XIXe siècle, développé par l’Anglais Mackinder, l’Allemand Haushofer et l’Américain Spykman, le concept de géopolitique a longtemps senti le soufre après l’épisode nazi. Puis il a repris du service à la fin de la Guerre froide avant d’être à nouveau condamné aux oubliettes par la chute du Mur de Berlin et la disparition du bloc soviétique.
    Avec l’avènement de la démocratie libérale et du libre marché universels, puis grâce à la révolution des nouvelles technologies de l’information qui devaient permettre de connecter les 8 milliards d’êtres humains en permanence, l’idée même de géopolitique devenait obsolète, voire obscène, annonçaient les prophètes de la fin de l’histoire et du libre-échange mondialisé des biens, des idées et des hommes. Grâce à la bienveillante protection de l’armée américaine qui allait assurer le maintien du nouvel ordre et veiller à remettre aux pas les récalcitrants, le monde était parti pour mille ans de bonheur.
    Il n’en a rien été. Il aura fallu moins d’une décennie pour balayer cette illusion.
    Parce que le projet était vicié dès le départ.

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