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Général - Page 2

  • La frontière comme deuxième peau

    Discours tenu le 1er Août 2107 dans la commune de Gy.
    Permettez-moi d'abord de vous remercier chaleureusement de m'avoir invité à passer cette soirée de fête nationale avec vous. C'est un plaisir tout particulier d'être dans cette merveilleuse commune qui est peut-être la plus menue du canton par le nombre de ses habitants et par la brièveté de son nom mais qui a l'immense mérite de rappeler mon prénom à une voyelle près. Je suis d'autant plus honoré que nous savons bien que l'excellence ne dépend ni du nombre ni de la longueur et qu'en matière de qualités, les Gytans n'ont rien à envier au reste des Genevois.

    Puisque nous sommes dans une commune frontière, qui jouxte la France sur toute sa longueur, j'aimerai ce soir faire l'éloge de cette frontière. Pour une raison toute simple : parce que sans frontière il n'y a pas de patrie. Sans frontière, il n'y aurait ni commune, ni canton, ni Confédération.

    Dans un essai publié voici cinq ans, Régis Debray a fait l'éloge de la frontière.
    La frontière est ce qui donne du sens à notre monde, dit-il. Elle est la première réponse au néant de l'espace et de l'existence. «Comment mettre de l'ordre dans le chaos? En traçant une ligne. En séparant un dehors d'un dedans.» «La ville des villes», Rome, a été fondée à partir de rien par une limite, le pomerium, tracée par Romulus dans le sol avec un soc de charrue. La fermeture de la frontière produit des formes de sacralité, autrement dit ce qui a le plus de sens dans nos existences, estime Régis Debray. Le tombeau est fermé, tout comme le sanctuaire qu'on ne peut forcer. La frontière est donc ce qui permet à notre pays d'exister, de se distinguer du reste du monde, d'affirmer ses valeurs, son identité et d'exercer ses droits politiques et sa démocratie directe.

    La frontière c'est aussi ce qui permet d'éviter l'uniformisation du monde. Elle permet d'«enfoncer un coin d'inéchangeable dans la société de l'interchangeable,», «de sauvegarder l'exception d'un lieu et à travers lui la singularité d'un peuple». L'être se définit par rapport à l'extériorité du non-être. Une communauté, un monde, n'existent que par rapport à l'extérieur. Parler de l'humanité comme de la communauté de tous les hommes vivant ensemble n'a aucun sens sauf si cette communauté rencontre des extra-terrestres. L'humanité pourrait alors poser ses frontières terrestres face à une altérité extérieure.

    Mais la frontière, et vous voyez où je veux en venir, n'est pas facteur d'exclusion. Bien au contraire.

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  • Penelope Fillon, loyale jusqu’au bout !

    Au début de l’affaire Fillon, comme tout le monde, j’ai été choqué. Comment cet homme qui prêchait l’intégrité avait-il pu engager sa femme et la payer 900 000 euros sur les deniers publics pour un emploi présumé fictif, et à tout le moins discutable ?
    Puis, les semaines passant sans que le harcèlement des médias et de la justice ne faiblisse malgré l’absence de preuves ou d’éléments nouveaux, le doute et le malaise ont grandi.
    Pourquoi cet acharnement contre cet homme – et surtout contre cette femme – qui n’avaient rien fait d’autre que ce font des dizaines de députés français de tous bords sans provoquer aucun émoi ? Et pourquoi les 120 000 euros de frais de bouche intempestifs d’Emmanuel Macron ont-ils passé comme une lettre à la poste sans susciter le moindre intérêt médiatique ?
    Une fois de plus, le comportement à deux vitesses des médias et de la justice est en cause. Et au-delà, l’énorme hypocrisie sélective qui consiste à s’indigner contre un comportement légal mais moralement critiquable et à absoudre un comportement illégal mais moralement plus admissible.
    Quand la morale l’emporte sur la légalité dans une République, il y a pourtant du souci à se faire pour l’état de droit.
    Mais le principal de cette affaire n’est pas là : elle est dans l’énorme et abjecte injustice faite à Penelope Fillon, qui porte décidément bien son prénom.

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  • Vive l’information plurielle !

    La semaine dernière, j'ai signé ma dernière chronique pour le Courrier. Après cinq années d’échanges et de débats parfois controversés mais toujours vivants, chacun a repris sa liberté, comme on dit. Je tiens à remercier l’équipe du Courrier pour son hospitalité, son professionnalisme et surtout pour sa capacité à accueillir une voix qui n’exprime pas forcément son ADN. C’est la grandeur d’un journal, et du journalisme, que de s’ouvrir à d’autres visions et je souhaite, dans ces temps forts troublés pour la presse écrite, longue vie à ce journal, modeste mais combatif et nécessaire.
    Qu’il est devenu difficile, en effet, d’exprimer des avis divergents, d’emprunter des sentiers latéraux qui serpentent dans les sous-bois, et de s’écarter des autoroutes sur lesquelles circule une information soigneusement cadrée par une foule de limitations et d’interdictions : pas question de sortir des clous du discours libéral, européiste, atlantiste, libre-échangiste, anti-étatiste, multi-culturaliste sous peine de se voir sanctionné par les étiquettes les plus infamantes. Impossible aussi de développer un vrai discours social, de dénoncer les inégalités croissantes et l’enrichissement scandaleux de quelques-uns sous peine de se retrouver cloué au mur par les mercenaires de l’oligarchie, toujours prêts à tirer à vue sur les supposés « fossoyeurs » de la croissance, les « ennemis » de la prospérité et les « assassins » de la liberté d’entreprendre.
    C’est ainsi que la majeure partie de la presse dominante s’est coupée de sa base sociale et de son public. Qu’elle a creusé sa propre tombe en déléguant aux bas-fonds d’internet le soin de mettre en lumière les faits dans toute leur complexité et pas seulement sous un angle trompeur, de diffuser des opinions alternatives ou divergentes et d’animer, dans la confusion, les débats politiques et de société qu’elle aurait dû initier. C’est ainsi que, par une sorte d’autisme inconscient, elle achève de crever à petit feu.

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