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Général - Page 4

  • Gouvernance à gogo

    Y a-t-il un pilote dans le vaisseau Terre ? Non, il n’y en a pas. Mais ce n’est pas nécessaire puisqu’on a la gouvernance. Depuis l’aube du troisième millénaire, le mot résonne comme une incantation. Il est sur toutes les lèvres, dans tous les colloques, il hante les instituts de management comme les facultés de sciences politiques. Partout, il suscite respect et componction. C’est le nouveau mantra, la formule magique qui va résoudre tous les maux de la planète.
    Or il faut le dire, cette gouvernance mondiale est une tarte à la crème, un mot-valise pour attrape-nigauds qui satisfait à la fois les arrivistes et les naïfs de la communauté internationale, professeurs des académies, dirigeants d’ONG à la recherche d’un destin, diplomates et haut-fonctionnaires soucieux de ne pas froisser leurs gouvernements, autant que les braves militants des bonnes causes humanitaires inquiétés par les dérives d’un monde qui semble aller de plus en plus mal.
    Il est vrai que cette mode de la gouvernance mondiale - et c’est son grand atout - répond à un vrai besoin : celui d’approfondir la coopération internationale pour résoudre des problèmes désormais globaux, la crise climatique, les pannes de la croissance, les pandémies, les migrations, le terrorisme. Il est logique de donner une réponse globale à une menace globale, et d’améliorer la concertation pour y arriver.
    Sauf que ce vocable fourre-tout ne veut rien dire du tout et que chacun y met ce qu’il veut, comme dans un diner canadien. Sa définition même pose problème. Deuxième difficulté, derrière cette jolie façade se cache en réalité une implacable lutte de pouvoir. Pour certains, cette volonté de « bonne gouvernance » dissimule un nouveau fascisme : au nom de « valeurs universelles » jamais bien définies, de la « transparence », de l’efficience, elle vise à éradiquer les vieilles élites récalcitrantes, encore attachées à leurs traditions nationales et culturelles, et à les remplacer par une nouvelle classe de dirigeants, parfaitement déracinée et entièrement formatée pour les besoins de la gestion du monde global.

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  • Attention, propagande à tous les étages !

    Connaissez-vous John Rendon, « le guerrier de l’information» comme il aime à s’appeler, le conseiller en communication qui se vante de placer n’importe quel article dans n’importe quel journal influent dans le monde? Le fondateur du Rendon Group (www.rendon.com), mandaté tout à tour par la CIA et le Pentagone, est sur tous les coups dès qu’un changement de régime est à l’ordre du jour à Washington. Du Panama à l’Afghanistan en passant par l’invasion de l’Iraq en 2003, il a réussi à vendre expéditions militaires et putschs à l’ensemble de la presse occidentale comme autant d’opérations au service de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme. Jusqu’à ce qu’un journaliste d’investigation américain, James Bamford, commence à mettre à nu « l’homme qui a vendu la guerre d’Iraq » dans un article du magazine Rolling Stone.
    Le cas de John Rendon est emblématique mais pas isolé : il ne représente que la face visible d’un univers de la communication et des relations publiques qui se chiffre en dizaine de milliers de personnes et en milliards de dollars et qu’on peut voir à l’œuvre tous les jours dans les opérations de comm liées aux zones de confrontation où des intérêts occidentaux sont en jeu, Syrie, Iraq, Lybie, Ukraine, Mer de Chine, Venezuela, Corée du Nord pour ce citer que les plus actuels.
    Les procédés sont connus : nous n’y sommes pour rien, c’est l’ennemi qui nous oblige à agir ; ses chefs sont inhumains, des agents du diable (Poutine égale Hitler) ; nous nous battons pour une noble cause et non pour de vils intérêts comme notre adversaire; l’ennemi nous a provoqué ; nos bavures sont involontaires tandis qu’il organise sciemment les siennes ; l’ennemi utilise des armes prohibées par les conventions internationales tandis que nos armes sont pures et légales ; nos pertes sont nulles mais les siennes immenses ; les gens biens, artistes, intellectuels et autres acteurs de la « société civile », sont de notre côté; notre cause est noble et sacrée pour l’humanité ; et enfin : ceux qui ne partagent pas nos vues sont des traitres et des vendus à l’ennemi.

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  • Crépuscule de l'esprit citoyen

    Les fêtes de Noël ont l'avantage de vous laisser le temps de lire des livres que vous n'auriez jamais eu l'envie de lire autrement. Je me suis donc retrouvé avec l'ouvrage de l'historien américain Ramsay MacMullen "Le déclin de Rome et la corruption du pouvoir" (Perrin 2012), dont la publication originale remonte à la fin des années 1980, soit à une époque où le déclinisme n'était pas du tout à la mode.
    Fascinante lecture!
    On y apprend ainsi que la chute de l'empire romain n'a pas été provoquée par les invasions barbares, comme on le croit communément, mais bien pour des causes internes: corruption des élites, privatisation du pouvoir et des fonctions publiques, trafics d'influence, vente des biens et services publics à des fins privées, le tout entrainant une détérioration constante des forces armées chargées de la défense.
    Ce sont moins les attaques extérieures que la pourriture interne qui auront eu raison de la fin de Rome. C'est la faiblesse romaine plus que la force des Barbares qui a mis fin à la civilisation latine.

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