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Planète bleue - Page 104

  • OMC et CEVA, Genève joue son destin

    Le 27 septembre, les citoyens de la ville de Genève devront dire s’ils approuvent ou non le projet d’extension de l’Organisation mondiale du commerce. Le 29 novembre, c’est tout le canton qui devra accepter ou refuser une rallonge de 113 millions de francs pour relier les gares de Cornavin et d’Annemasse.

    Ces deux projets sont emblématiques pour Genève et sa capacité à se projeter dans l’avenir. D’un côté, il s’agit de consolider la Genève internationale à un moment où la concurrence des pays du Golfe et d’Asie ne cesse de monter en puissance. Pour Genève, la menace ne provient plus tant de Bonn et de La Haye, comme dans les années 1990, que d’Abu Dhabi, Dubai ou Singapour, qui sont prêts à accueillir clés en main, tous frais payés, des organisations internationales. Surtout quand elles sont d’importance stratégique comme l’OMC.

    L’enjeu est énorme parce qu’un refus signifierait le début du déclin pour Genève. A cause des dégâts d’image d’abord : comment convaincre les autres pays de soutenir et développer la Genève internationale alors que la population genevoise dit non ? Comment persuader les ONG et les entreprises multinationales de venir s’installer à Genève quand tous les médias internationaux et les sites internet auront tartiné sur l’hostilité des Genevois ? A cause des risques effectifs d’un déménagement de l’OMC dans une ville plus accueillante ensuite. Si le danger n’est pas imminent, il est néanmoins très réel : certains pays prendront un vote négatif comme une gifle et s’engouffreront dans la brèche pour proposer une délocalisation.

    Et tout cela pour un bâtiment construit sur un parking, sans qu’on coupe un seul arbre, qu’on bétonne un seul mètre carré de parc et tout en préservant l’accès continu au lac, contrairement à la propagande mensongère des opposants !

    Le projet du CEVA est tout aussi crucial puisqu’il s’agit rien moins que du destin de l’ensemble de la région genevoise, France voisine et canton de Vaud compris. Agitant l’épouvantail des coûts (2 milliards à leur avis, 1,5 milliard selon les CFF) et la perspective d’une solution soi-disant moins coûteuse appelée « Barreau sud », les opposants persistent à empêcher la réalisation des tunnels entre la Praille et la gare des Eaux-Vives. Le CEVA, qui reste d’un prix raisonnable si on le compare à des travaux d’infrastructure d’ampleur équivalente, a en effet l’avantage de remplir deux missions en une : relier les réseaux ferroviaires du nord et du sud de l’Europe (comme l’autoroute de contournement en son temps) et créer un réseau RER de transport urbain à l’échelle de l’agglomération, qui permettrait notamment de soulager le centre-ville du trafic routier frontalier et de mettre les quartiers les plus peuplés de Genève à 20 minutes de l’hôpital, de la gare et de l’aéroport.

    Mais ici encore une poignée de quérulents, soucieux de leur petit confort et soutenus par les chasseurs de frontaliers, met les bâtons dans les roues.

    Question : les Genevois sauront-ils conjurer leurs vieux démons et parier sur l’avenir ? Ou céderont-ils au contraire aux chants fatigués des sirènes du déclin entonnés par un chœur hétéroclite de quelques privilégiés de Champel, de nostalgiques anti-capitalistes de l’extrême-gauche et de populistes anti-frontaliers ?

     

     

  • Insécurité, place à l'action!

    A Genève, le problème de la sécurité est aggravé par au moins trois facteurs particuliers. D’abord, le débat sécuritaire est monopolisé par deux camps qui s’annulent l’un l’autre. D’un côté, les angéliques, pour qui l’insécurité n’existe pas, n’est qu’une invention de la droite pour fragiliser Laurent Moutinot et pour qui l’idée même de réprimer les délinquants est une atteinte aux droits de l’homme. Et en face, les populistes ultra-sécuritaires, pour qui Genève est devenu un coupe-gorge livré aux gangs et aux trafiquants et qui abreuvent la population de solutions « Y’a qu’à » : « Y’a qu’à » les enfermer, les cogner, les expulser, les réduire en bouillie.

    Ensuite, Genève est pénalisée par les dysfonctionnements de la police, suite à l’absence de pilotage politique par les magistrats successifs à la tête du département, aux manifestations de policiers ainsi qu’aux rapports de la Cour des Comptes. Ces derniers ont ainsi donné l’impression, après les dérapages financiers de l’Eurofoot, que les policiers pouvaient passer plus de temps à imaginer des astuces pour se faire payer des heures supplémentaires non travaillées qu’à assurer la sécurité de l’honnête citoyen.

    Enfin, l’insécurité elle-même est un phénomène qui a été longtemps nié, négligé et sous-estimé par les autorités politiques. Les statistiques sont mensongères dans la mesure où la très grande partie des petits délits n’y figure pas : la dame âgée qui se fait arracher son sac, les arnaques sur les quais, les jeunes avinés qui urinent dans les entrées d’immeubles, les touristes chinois et saoudiens dévalisés, les trafics de drogue non repérés, tout cela ne figure pas sur les mains courantes des commissariats. Ils ont fait exploser l’insécurité dans les faits, à défaut d’être gravés dans le crâne de l’ensemble des élus.

    Pour résoudre ces problèmes, il n’y a pas de solution miracle ni de parti sauveur. Il faut donc une réponse politique, responsable, proportionnée et portée si possible par plusieurs forces politiques. Et cette réponse, ce sont les partis de l’Entente qui sont le mieux à même de la donner, et cela sans qu’une de ses composantes cherche à tirer la couverture à elle.

    Il s’agit d’élaborer un programme et une stratégie commune, un peu comme elle l’a fait pour la baisse d’impôt sur laquelle on votera le 27 septembre. Ce programme devrait d’abord inscrire la lutte contre l’insécurité comme l’une des priorités de la prochaine législature. Première conséquence : il faudra dès lors de revendiquer la prise en charge de la justice et de la Police, qui est depuis trop longtemps considéré comme un département de second ordre qu’on repasse comme une patate chaude au malheureux élu qui s’en voit confier la charge.

    Il s’agit ensuite de réformer le système de rémunération de la police et son cahier des charges, en relevant les salaires mais en supprimant toutes les indemnités, privilèges et autres compléments de salaires opaques, afin de restaurer la pleine crédibilité de la police. Et de procéder enfin aux recrutements nécessaires, dont les crédits ont été votés depuis longtemps contrairement à ce qu’affirment les populistes.

    Il s’agit enfin de créer une vraie task force contre les trafiquants de drogue, la petite délinquance et les incivilités en coordonnant la justice, la police, les habitants des quartiers et les communes. On ne lutte pas contre les trafiquants africains et les cambrioleurs géorgiens comme on lutte contre le crime organisé et les escrocs internationaux. Pour être efficace, la lutte contre la petite délinquance doit mobiliser aussi bien les commerçants, les concierges et les régisseurs que la police et les juges, même si ce n’est pas au même niveau.

    Il y a amplement de quoi faire et, à la réflexion, le défi est plutôt exaltant. Alors, au travail !

     

  • La succession Couchepin et le mauvais génie suisse

    Piaffant d’impatience tout en rongeant leur frein: les candidats radicaux à la succession de Pascal Couchepin ont dû subir nombre d’avanies avant de commencer à pouvoir se déclarer. Pendant des semaines, ils se sont tortillés sur place, comme des jeunes filles à leur premier bal, sans jamais oser entrer dans la danse. Il faut dire à leur décharge que leur président, Fulvio Pelli, avait soigneusement miné le terrain. Le Tessinois est passé maître dans l’art du je suis candidat moi non plus.

     

    Mais depuis que Didier Burkhalter a franchi le pas, le dépôt des candidatures va s’accélérer et le torrent des ambitions va pouvoir se déchaîner librement. Car, désormais, l’habile Pelli a intérêt à ce qu’un maximum de candidats se déclare s’il veut rester le joker d’ultime recours. Un duel à deux ou à trois, monté en épingle pendant des semaines, ne pourrait que lui nuire, diviser le parti, et causer des dommages peut-être irréparables. Tandis qu’une foule de prétendants avides et chamailleurs le ferait vite apparaître en héros sauveur de la patrie en danger, tel Ulysse de retour à Ithaque. Les circonstances vont l’aider car les Vaudois et les Genevois ne pourront pas laisser le Neuchâtelois partir seul : ce serait montrer à leur propre électorat qu’ils n’ont aucune personnalité d’envergure à proposer. Or la nature a horreur du vide.

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