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Planète bleue - Page 122

  • Petit café chez Angela (Merkel)

    Saut de puce à Berlin vendredi dernier pour visiter la Chancellerie fédérale et le Bundestag. Nous sommes reçus par Thomas de Maizière, le chef de l'administration de la Chancellerie et chef de cabinet d'Angela Merkel, qui organise les séances du gouvernement et fait office d'amphitryon.

    On parle d'Europe (le président polonais est attendu à Berlin le lendemain pour débloquer la situation du traité), de G8 (le sommet d'Heiligendamm vient de se terminer), de relations franco-allemandes, de l'OTAN et de la Russie. Les réponses sont à la fois prudentes et incisives: on sent que l'Allemagne est soucieuse de soigner son image de puissance de consensus, tout en ayant son opinion bien à elle sur chaque objet.

    L'architecture des lieux de pouvoir est révélatrice de cette force tranquille et apaisée. Toute de béton et de verre, bourrée d'oeuvres d'art contemporaines, la nouvelle chancellerie est un hymne à la modernité, complètement ouverte sur son environnement. On a l'impression que les promeneurs du Tiergarten peuvent assiter aux séances de leurs ministres à travers les baies vitrées. On est loin du gigantisme sombre et inquiétant des Reichs précédents: le côté obscur de la force a été éradiqué.

    Même ambiance au Bundestag. Les quatre immeubles qui composent la chambre du peuple enjambent la Spree, à cheval sur l'ancien mur, et jouent également sur la lumière et la transparence. Même le vieux Reichstag, incendié par les nazis, ravagé par la guerre et reconstruit par Norman Foster avec une gigantesque coupole de verre, fait pénétrer la lumière et les regards du public au coeur des délibérations des députés. Mieux, après un débat homérique, on a même conservé sur les murs d'origine les graffiti laissés par les soldats russes en mai 1945: preuve que l'histoire et la défaite ont été digérées et sont désormais pleinement assumées par les Allemands.

    Ce pouvoir qui n'a pas peur de voir de se laisser voir fait de la démocratie allemande un modèle du genre. Qui l'eût rêvé il y a quinze ans encore?

     

     

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  • Après les tours, osons la grande traversée du lac

    En 2003, le PDC avait été le premier parti de ce canton à oser proposer de construire des tours à Genève. Exemple et dessins à l'appui, un débat avait été organisé à la Maison de Quartier de la Jonction avec, notamment, les édiles municipaux, pour présenter les immenses avantages des constructions en hauteur.

    L'accueil, c'est le moins qu'on puisse dire, avait été froid. Mais quatre ans et quelques motions plus tard, le résultat est là: le Conseil d'Etat et une majorité de Genevois sont enthousiastes à l'idée de créer tout un quartier de tours dans le quartier de la Praille-Acacias.

    Espérons qu'il en soit de même pour le projet de traversée du lac, qui est en train de resortir des limbes. Deux conceptions s'affrontent: une moyenne traversée Avenue de France - Eaux-Vives et une grande, qui bouclerait enfin la ceinture autoroutière, du Vengeron au Pavillon de Ruth, avec un embranchement qui relierait la route de Thonon au pied de la rampe de Vésenaz (et profiterait du tunnel sous Vésenaz déjà accepté), et un autre embranchement qui rejoindrait l'Autoroute blanche dans les hauts de Malagnou ou avant la douane de Sous-Moulin.

    Cette option, qui tiendrait compte de l'évolution de la Ville et du projet d'agglomération actuellement en consultation, est de loin la meilleure car elle desservirait à la fois l'agglomération et le trafic international. Les coûts pourraient donc être pris en charge par la Confédération tant sur le compte agglomération (tunnel sous les Eaux-Vives) que celui des autoroutes (partie lac). 

    La construction d'une grande traversée permettrait aussi d'ouvrir le pont du Mont-Blanc aux trams et aux bus et viendrait donc dynamiser les transports publics tout en rendant acceptables la création de vraies zones piétonnes et la modération du trafic au centre ville.

    Avec un peu de bonne volonté, tout le monde serait gagnant.

    Reste à choisir en le pont et le tunnel. Chaque option a ses avantages et ses inconvénients (coûts, bruit, paysage), qui doivent être soigneusement étudiés. Le pont, qui est un symbole magnifique, a mes préférences. Mais une chose est sûre: le débat entre partisans du pont et ceux du tunnel ne doit pas, comme en 1996, faire échouer le projet.

    Réponse dans quatre ans?

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  • Le crash d'Ueberlingen, autre honte nationale

    Il n'y a pas que l'incapacité d'organiser la fête nationale au Grutli qui est une honte nationale: le comportement des responsables suisses lors du crash d'Ueberlingen est aussi un scandale.

    Le procès qui se tient ces jours-ci à Zurich l'illustre bien. 72 enfants et mères de famille russes morts suite à la négligence de Skyguide? C'est la faute à personne. Au Grutli comme à Ueberlingen, on se défausse de ses responsabilités, on refuse d'assumer, on cherche à refiler la patate chaude plus loin. A croire que que le déni de responsabilité est devenu un sport national.

    Les parents des victimes n'arrivent pas à comprendre que les véritables responsables ne soient pas poursuivis et que les autres accusés rejettent la faute sur la 73e et dernière victime du drame, l'aiguilleur du ciel tué par un père russe désespéré d'avoir perdu femme et enfants dans le crash. Et ils ne pardonnent pas à la Suisse d'avoir montré aucune compassion après le drame et d'avoir attendu deux ans avant de proférer de vagues excuses aux familles des victimes.

    Comme au Grutli, les responsables, n'écoutant que leurs avocats et jamais leur coeur, avaient trop peur que des excuses n'ouvrent la voie à une reconnaissance de leur faute, et donc à des demandes accrues d'indemnisations. Toujours la hantise de dépenser!

    Il y a donc fort à parier que ce procès n'ajoute l'infamie à l'insensibilité et que les deux dernières victimes se retrouvent doublement punies: l'aiguilleur du ciel par la perte de sa vie et de son honneur à titre posthume, et son meurtrier russe parce qu'il sera très probablement le seul à faire de la prison alors qu'il a tout perdu dans un drame dans lequel il n'est pour rien.

     

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