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Planète bleue - Page 51

  • « Il faut détruire la Russie »

    « Delenda est Carthago », « Il faut détruire Carthage ! » C’est ainsi que Caton l’Ancien appelait les Romains à détruire une fois pour toutes leur adversaire séculaire, la république phénicienne qui gênait leur expansion impériale en Méditerranée. C’est exactement le même refrain qu’entonnent aujourd’hui contre la Russie les néoconservateurs, les démocrates impériaux américains et leurs alliés européens.
    En 1991, l’Occident avait cru avoir gagné la Guerre froide contre le bloc soviétique, ainsi que l’avait proclamé le président Bush Père, laissant la voie libre aux Présidents Clinton et Bush Fils pour bombarder la Serbie, l’Afghanistan et l’Irak, tandis que MM. Obama et Sarkozy poursuivaient le travail avec succès en Lybie mais plus difficilement en Syrie. Car les uns et les autres n’avaient pas anticipé la capacité de la Russie à se reconstruire ni celle de la Chine à émerger comme future première économie mondiale.
    Or les Etats-Unis, et l’Europe dans leur sillage, n’arrivent pas à faire le deuil de leur hégémonie, ou de leur hyperpuissance selon le mot d’Hubert Védrine. L’élection surprise de Trump a grippé ce mécanisme bien huilé mais, comme on peut le constater, elle ne changera pas la donne : chaque velléité du président américain de vouloir parler avec Moscou est aussitôt suivie d’une « affaire » qui vient l’empêcher de mettre son plan à exécution.
    C’est dans ce contexte qu’il faut placer l’hystérie contre l’ingérence supposée et jamais prouvée de la Russie dans les élections américaines et la victoire du Brexit, et plus récemment, l’affaire de l’empoisonnement des Skripal montée en épingle par la Grande-Bretagne et les bruits de guerre aussitôt déclenchés aux Etats-Unis et en France après une attaque présumée au gaz dans le dernier fief rebelle de la Ghouta syrienne.

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  • Oman, une île au milieu de la tourmente

    La guerre, Oman l’a bien connue : une unification pénible avec une bataille d’usure contre les imams de l’intérieur soutenus par les Saoudiens dans les années 1950, puis la longue guerre du Dhofar contre les rebelles sudistes épaulés par le régime communiste yéménite dans les années 1960 et 1970. Mais depuis le cessez-le-feu de 1976, le pays vit en paix. Et cela se voit !
    Après un premier reportage dans les années 1990, une seconde visite au début de cette année n’a fait que confirmer cette bonne impression. En quelques décennies, le pays est devenu un modèle de stabilité et de développement économique équilibré qui tranche complètement avec le reste du Moyen-Orient. En Occident, il n’est pas de bon ton de faire l’éloge des monarchies, mais dans le cas d’Oman, il faut bien admettre que depuis que le sultan Qabous a repris les rênes du pays en 1970, les réformes, graduelles et régulières, ont été des succès. Même le printemps arabe, à l’origine de manifestations en 2011, a eu des effets positifs avec une ouverture massive des hautes écoles et la mise en place de programmes de formation pour les jeunes.
    Ces performances reposent sur une double stratégie : une stricte neutralité en matière de politique extérieure et une politique d’omanisation conséquente et assumée à l’intérieur. Au ministère des affaires étrangères, on est catégorique : pas question de s’ingérer dans les affaires des voisins ni de prendre le parti des uns contre les autres, « respect pour tous », quel que soit le régime en place. Oman a donc gardé ouverte son ambassade à Damas et parle aussi bien avec les Saoudiens, les Emiratis, les Qataris que les Iraniens chiites, tout en gardant un œil suspicieux sur les menées de la coalition saoudienne au Yémen tout proche.
    Quant à l’omanisation, elle vise à moderniser le pays sans offenser la tradition. Elle concerne tous les aspects de la vie nationale. L’architecture, en imposant des normes à tous les bâtiments – deux étages maximum pour les habitations privées et sept pour les immeubles commerciaux. La culture, avec un style islamique et des couleurs à respecter, la construction d’un opéra, de musées et la rénovation du patrimoine historique. La politique, avec deux assemblées consultatives, l’une, le Conseil d’Etat, sorte de Sénat, avec 84 membres choisis par le sultan et l’autre, la Chourah, élue par les provinces, avec un nombre de femmes en constante augmentation. La religion, avec la préservation de la tradition islamique locale, l’ibadisme, à mi-chemin entre le sunnisme et le chiisme, et la volonté d’éviter la montée du communautarisme entre les différentes branches de l’islam. «A Oman, il est aussi indécent de demander son orientation religieuse à quelqu’un que de demander son salaire à un Suisse. Cela ne se fait pas », assure le patron de l’audiovisuel national.

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  • Mémoire de victimes

    Lundi, à l'occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l'Holocauste, c'est Eva Schloss, membre de la famille d'Anne Frank, qui est venue s'exprimer au Palais des Nations, avec la collaboration notamment du Concours Menuhin. Après le témoignage réussi des descendants des victimes et des bourreaux des camps nazis organisé par la CICAD la semaine dernière, c'était un autre moment fort à la mémoire des victimes des guerres, connues et moins connues, qui ensanglantent la planète.


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    →Le Forum suisse de politique étrangère foraus vient de publier une étude (How to Update the Law of War) sur la nécessité de mieux protéger les travailleurs de l'humanitaire, et notamment les convoyeurs et les personnels hospitaliers. Leur situation ne cesse de se dégrader: violences, assassinats, kidnappings se sont multipliés par 5 en vingt ans, faisant plusieurs centaines de victimes chaque année. En cause, la nature nouvelle des conflits, qui n'opposent plus des Etats signataires des Conventions de Genève, mais des factions à l'intérieur des Etats. La prolifération des ONG, loin d'être toutes neutres et désintéressées, est aussi en cause.


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    →Quelques nouvelles sur l'état du monde pour terminer. L'OMPI vient de publier ses statistiques sur les brevets: fin 2016, la barre des 3 millions de demandes était franchie, tandis que celle des 7 millions de demandes d'enregistrement de marques était en passe d'être atteinte (dont 3,7 millions pour la seule Chine!). De son côté, la CNUCED a observé un fléchissement des investissements directs en 2017, avec 1,52 trillions de dollars contre 1,81 en 2016 et le BIT constatait une stagnation du chômage à 190 millions de chômeurs l'an dernier.