L'Eglise russe, un lieu d’exaltation et de consolation
L’église russe de Genève, puisque c’est ainsi que les Genevois l’appellent familièrement, est sans aucun doute le lieu le plus connu de Genève avec la Cathédrale Saint-Pierre et l’Hôtel de Ville. C’est un immense plaisir et un grand honneur de m’avoir associé, aujourd'hui mercredi, à son 150e anniversaire et à sa restauration. J’en remercie vivement Mgr Michel et le comité d’organisation.
Pour moi, modeste réfugié catholique descendu des montagnes du Valais pour faire ses études dans la Rome protestante, « l’église russe » a immédiatement représenté quelque chose d’important. Elle a d’abord été une présence apaisante, rassurante, bienfaisante et même consolante. Comme jeune étudiant encore étranger à cette ville, j’aimais voir ses murs blancs et ses bulbes briller de nuit comme de jour, dans le froid comme dans la canicule, sous la pluie comme sous la neige. Car cette église n’est pas seulement une pièce marquante du patrimoine historique et architectural de Genève, c’est d’abord une présence amicale.
Je dois cependant avouer que pendant longtemps je n’ai pas osé y entrer. Elevé dans la tradition catholique et après six années de petit séminaire dans une congrégation missionnaire, j’avais vécu dans la conviction que l’église orthodoxe était sortie du bon chemin, qu’elle sentait le soufre et représentait donc une voie à éviter. Il y a une trentaine d’années, bravant mes préjugés, j’ai donc forcé la porte une première fois, davantage saisi par la curiosité et le goût de l’exotisme que par un saisissement de la foi, je dois le confesser. Et je ne m’en suis jamais repenti ! Depuis lors, je ne manque jamais une occasion de fréquenter les églises orthodoxes, d’y brûler un cierge et de m’incliner devant une icône. Car avec l’âge et l’expérience, j’ai pu constater, comme la plupart d’entre nous je pense, que ce qui nous rassemblait nous autres les chrétiens, que nous fussions orthodoxes, catholiques ou protestants, était bien plus important que ce qui pouvait nous séparer. Et j’ai notamment appris que les traditions et les rites, si sublimes dans l’orthodoxie, pouvaient exalter l’âme et faire ressortir ce qu’il y a de meilleur en l’Homme aussi bien que les prêches des pasteurs et les sermons des chanoines.