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Fin de la récréation fiscale

La génération Reagan et Thatcher, c’est fini ! On tourne la page. Les trente années de baisses fiscales et de réduction des dépenses publiques se sont closes le 20 janvier 2009 avec l’entrée en fonction de Barack Obama et le climax atteint par la crise financière. Et en Suisse, le tocsin a été sonné le dimanche 8 février avec le refus des forfaits fiscaux par les Zurichois.

 

 

 

 

Il ne faut pas se faire d’illusion, la situation deviendra difficile pour les cantons romands, qui subiront de plus en plus les pressions des Alémaniques, qui ne supporteront pas longtemps que la minorité francophone leur fasse de l’ombre. Les Romands ont donc intérêt à s’unir et à harmoniser au plus tôt leurs pratiques afin de conserver leur avantage comparatif. Maintenir un certain degré de compétitivité fiscale ne peut pas faire de mal dans un climat qui s’annonce particulièrement lourd en matière d’impôts.

Car il ne fait aucun doute que le balancier est reparti en sens inverse et que s’engage une hausse générale des impôts et des taxes qui va s’étaler sur plusieurs décennies. Les raisons en sont aussi simples que multiples. Plusieurs observateurs avisés de la finance les ont déjà relevées. La raison principale est bien sûr économique : la quasi-nationalisation du secteur bancaire dans plusieurs pays et l’endettement gigantesque des Etats lancés dans des plans de relance massifs vont fatalement obliger les collectivités publiques à alléger l’accumulation de leurs déficits par l’augmentation des impôts et/ou par l’inflation, un mélange des deux étant le plus probable à moyen terme. Il n’y a pas 36 solutions pour diminuer des dettes qui vont vite devenir insoutenables.

La seconde raison est politique : les banquiers, les financiers et les grands patrons ont perdu leur crédibilité avec la crise. Non seulement par leurs erreurs de gestion mais aussi à cause de leur avidité et de leurs salaires prohibitifs, qui deviennent injustifiables en période de vaches maigres. Ils sont donc largement en train de perdre leur force de lobbying et leur capacité d’influencer les partis politiques en faveur des baisses fiscales pour les hauts revenus. Et quand on voit même leurs anciens supporters, comme Christoph Blocher, retourner leur veste et fustiger les salaires excessifs, on se dit que le mouvement pourrait être plus rapide que prévu. Quant à l’argument qui avait prévalu jusqu’ici, à savoir que c’était à l’Etat de se serrer la ceinture et de comprimer ses dépenses, il a fait long feu puisqu’il sera impossible de reprocher à l’Etat des dépenses qu’on a soi-même sollicitées pour éviter la banqueroute !

Le vent a donc tourné pour ceux qui ont, jusqu’ici, souvent exagérément, profité de la politique monétariste des banques centrales, de la globalisation de l’économie et de l’idéologie du moins d’Etat. Un retour à la sagesse et à une certaine frugalité n’est d’ailleurs pas mauvais. Dans l’immédiat, il y a donc intérêt à profiter au maximum des baisses fiscales encore au programme, qu’on peut glisser dans les paquets de mesures anti-crise et vendre à l’opinion publique comme des instruments en faveur de la relance. Car ce seront les dernières minutes de la récréation fiscale.

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