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Le génocide arménien, une cause vivante

Monsieur le représentant de la République d'Arménie,

Monsieur les représentants des autorités religieuses,

Madame et Messieurs les représentants des associations arméniennes de Suisse romande,

Madame et Messieurs,

Chers amis,

 

 

Permettez-moi d’abord de vous remercier de m'avoir permis de me joindre à vous pour la commémoration de cet événement tragique mais majeur de l'histoire du XXe siècle que fut le génocide du peuple arménien voici maintenant 95 ans.

 

Cet honneur me touche particulièrement parce que je pense que celles et ceux qui en ont souffert et en souffrent encore aujourd'hui sont doublement victimes de l'injustice de l'histoire et de l'injustice des hommes.

 

Ils le sont doublement parce que non seulement ils ont souffert dans leur chair de la disparition physique de leurs proches et de tout leur peuple, par la famine, la déportation, les marches forcées et toutes les formes possibles d'extermination. Mais aussi parce qu'ils doivent continuer à en souffrir parce que trop souvent, trop de gens, trop de pays, trop d'Etats continuent à refuser de reconnaître le génocide dont ils ont été victimes.

 

On le sait, le génocide des Arméniens fut le premier des génocides du XXe siècle. Mais alors que tous les autres ont été reconnus et sanctionnés par des tribunaux pénaux exceptionnels - l'Holocauste avec le Tribunal de Nuremberg et les procès qui ont suivi en Israël, le génocide cambodgien avec l'actuel tribunal qui vient de se réunir à Phnom Penh, le génocide rwandais avec le tribunal pénal d'Arusha et le massacre de Srebreniça avec le tribunal de la Haye - celui des Arméniens en 1915 reste encore largement ignoré dans le pays même qui l'a commis. Pire, les Turcs qui luttent pour le faire reconnaître sont souvent pourchassés quand ils ne sont pas assassinés par des extrémistes négationnistes. A ce propos, je suggère que nous exprimions notre solidarité avec les habitants du Kivu, dans l'Est du Congo, dont 5 millions de personnes ont déjà été massacrées dans l'indifférence générale.

 

En Suisse, grâce notamment à l'action de notre regretté ami Jean-Claude Vaudroz, la cause arméniennen a pu être entendue. Mais beaucoup reste à faire et je ne peux que regretter le silence des médias, qui peinent à l'évoquer dans leurs colonnes ou à la télévision. Nous vivons une époque dans laquelle le spectaculaire l'emporte sur tout le reste et qui se livre volontiers à la compétition victimaire. Or dans ce combat-là, dérisoire en regard des victimes, les Arméniens partent perdants, parce qu'ils sont un peuple modeste, pudique, qui n'aime pas étaler ses souffrances sur la scène publique et pour qui la famille et la communauté des parents et des amis l'emporte sur le désir de paraître et le besoin de revendiquer.

 

Il faut donc saluer d'autant plus celles et ceux qui continuent lutter dans ce sens et qui contribuent à garder vivant le souvenir de cette tragédie. Au nom des autorités de la République et canton de Genève, qu'ils soient donc remerciés d'avoir organisé l'événement de ce soir.

 

J'aimerai terminer enfin par une note positive pour le futur. On a vu, ou on a cru voir, que la situation politique se détendait entre la Turquie et l'Arménie. On peut s'en réjouir, bien que la réalité apparaisse plus complexe que ce que les communiqués officiels veulent bien en dire. Quoiqu'il en soit, il faut continuer à œuvrer pour la détente et pour le désenclavement économique des Arméniens d’Arménie. Et dans cette perspective, les membres de la diaspora et les communautés arméniennes de Genève et de Suisse peuvent compter sur le soutien des Genevois. Hagop Avakian m'a récemment parlé d'un projet de voyage d'une délégation économique et politique genevoise en Arménie. Je serai heureux d'y apporter ma contribution et d'y participer si ce projet devait se réaliser. La communauté arménienne de Genève est estimée, elle se sent bien dans notre ville, elle est appréciée des Genevois: c'est donc à nous qu'il revient d'entretenir cette amitié, de la développer et de la transformer aussi en développement économique.

 

Et cela, c'est sans aucun doute la meilleure manière de répondre à ceux qui persistent à ignorer l'Arménie et le génocide de 1915.

 

Merci de votre attention.

 

Guy Mettan

Président du Grand Conseil

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