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Suisses et Russes tout sourire

Mercredi 14 juillet dernier, Moscou a vécu davantage à l’heure suisse que française : le président russe Dmitri Medvedev était en effet accompagné par rien moins que Micheline Calmy Rey, Johann Schneider-Ammann et une délégation d’une trentaine de représentants de l’économie suisse conduite par Gerold Bührer pour inaugurer à Kolumna, à 80 kilomètres de Moscou, la cimenterie flambant neuve de Holcim (500 millions d’investissements).
Cette cérémonie a mis un point d’orgue à la visite de trois jours du ministre de l’économie, jalonnée de rendez-vous ministériels (cinq !) et la signature d’une déclaration sur la modernisation économique et des échanges bilatéraux, de rencontres avec les milieux d’affaires russes, d’un forum sur le projet hi-tech russe de Skolkovo et d’un séminaire sur les transports ferroviaires venant couronner le contrat de 450 millions de francs conclu par Stadler Rail.
Dans un tel climat, les Suisses auraient donc eu tort de bouder leur plaisir. Ils étaient d’ailleurs assez réjouis. Tout comme les Russes d’ailleurs, qui se félicitent eux aussi des bonnes relations avec la Suisse. Il faut dire que les besoins et les attentes sont grands, de part et d'autre.

Reprise en 2010
En 2010, la Russie a renoué avec la croissance (+4%) malgré les dégâts provoqués par la chaleur et les incendies de juillet. L'an dernier, le volume du commerce extérieur russe a augmenté de 33%, avec une balance commerciale positive pour la Suisse (2,6 milliards de francs contre 1 milliard). La Suisse exporte principalement des produits pharmaceutiques, des machines et des montres. Elle achète surtout des produits chimiques de base, des pierres et des métaux précieux. Fait nouveau, le programme de modernisation de l'économie russe, sur lequel insiste beaucoup le président Medvedev et qui vise à améliorer le niveau de l'économie, offre des possibilités nouvelles aux PME suisses, spécialisées dans les produits et des services de qualité. Une grosse centaine de PME suisses sont actives en Russie aux côtés des grandes multinationales helvétiques. Après es années d'hésitation, le potentiel de croissance devient donc très réel.
Mais c'est surtout en matière d'investissements que la Suisse fait bonne figure, en se plaçant au 12e rang avec des investissements cumulés de 5,6 milliards de dollars en 2010. De son côté, la Russie a enregistré l'an dernier un énorme flux de capitaux de 40,7 milliards de dollars vers la Suisse. Mais il s'agit pour 99% de crédits commerciaux à l'égard des sociétés de trading établies en Suisse et de capitaux qui n'ont fait qu'un bref séjour sur le territoire. Cela dit, du côté de la banque privée, on note un regain d'intérêt pour la place financière depuis le début de l'année 2011, sans doute lié aux incertitudes concernant les élections parlementaires de décembre et présidentielles de mars 2012 en Russie.

La modernisation, une opportunité
Dans le sillage de la déclaration commune signée à Moscou, les Russes considèrent que la Suisse peut jouer un rôle de premier plan dans la stratégie de modernisation mise en place pour développer qualitativement leur économie. Deux projets prioritaires concernent tout particulièrement la Suisse. Le premier consiste à faire de Moscou un centre financier international, en élargissant à la fois les capacités de la bourse actuelle, en consolidant les banques locales et en attirant les grands établissements financiers internationaux. Le cadre légal est en train d'être revu dans ce sens. Le second vise à créer de toutes pièces une centre de développement des hi tech à Skolkovo, non loin de Moscou. Une école de gestion a déjà vu le jour et les bulldozers sont à l'œuvre pour construire un campus centré sur le développement des nouvelles technologies, des technologies de l'information, de marketing et du management. La promotion de ce projet de "Silicon Valley" russe a, entre autres, été confiée à Viktor Vekselberg et à son groupe Renova basé à Zurich.

Véhicule d'investissement direct
Suivant cette stratégie, la Russie a lancé fin juin un fonds de private equity, le Russian Direct Investment Funf (RDIF) doté de 10 milliards de dollars avec un série de grands investisseurs internationaux afin de stimuler l'investissement direct dans les projets novateurs. Les institutions financière suisses on ainsi la possibilité de renforcer leurs positions sur le marché financier russe, en forte croissance. Le potentiel est particulièrement important dans le domaine des hautes technologies et du secteur pharmaceutique. Novartis projette par exemple d'investir 400 millions de francs dans la région de Saint-Pétersbourg, la Russie important 80% de ses besoins en médicaments pour une clientèle qui représente le septième du marché européen. Ces prises de participation ont l'avantage d'être soutenues par le gouvernement et liées à des entreprises proches de l'Etat, ce qui offre de meilleures garanties.
Certes, la mise en place de ces projets implique des améliorations notables du cadre légal, de la sécurité juridique, du pouvoir judiciaire et de la transparence. Mais les autorités russes sont conscientes du problème et savent désormais qu'elles ne peuvent plus retarder les échéances. Après la période de consolidation et de stabilisation politique des années 2000, la nouvelle décennie devra être celle de la consolidation et de la diversification économique. Les excellentes relations politiques qui prévalent actuellement entre la Suisse et la Russie sont une bonne base de départ pour les investisseurs suisses qui souhaitent relever ce défi.
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